VANRYSHEN - Sombre

Non, VANRYSHEN n'est pas un quelconque vampire tiré d'un roman d'horreur, mais un groupe de Black Metal assez savoureux je l'avoue. Enfin moi, j'ai trouvé Sombre de VANRYSHEN particulièrement bon. Je survolerais par contre l'artwork trop minimaliste – la pochette : un homme en haut d'une colline/charnier et au dos (et c'est tout !) un christ en croix renversé – pour vous parler de l'essentiel : la musique. Une démo/E.P de qualité donc, faite de six titres blasphématoires et violents dans un style traditionnel mais bien inspiré. Un peu plus d'une demi-heure empoissée de haine et de ténèbres, idéale en cette époque de néo-féodalisme... Attention à vos esgourdes, VANRYSHEN est là pour vous estourbir.

Si VANRYSHEN ne produit pas un Black Metal très original – il a ce petit défaut d'insérer trop de mélodies à mon goût dans une approche purement française du genre – il développe néanmoins une haine féroce intense, forte et sincère qui fait réellement plaisir à entendre et comme peu de groupes savent si bien la défendre de nos jours. Car je ne vois pas comment il pourrait en être autrement : cette voix de crâmé qui doit fumer ses paquets de gitanes maïs est vraiment impressionnante, et à la batterie, ça mitraille pas comme en 14, ça crépite plutôt comme la mitraillette lourde visant large derrière son écran de poudre âcre... C'est là la grande force de VANRYSHEN, qui n'y va pas avec le dos de la cuillère et explose tout de sa haine et de ses frustrations accumulées. A cela, on pourra mettre à leur crédit que leurs compos sont vraiment structurées et afutées pour la guerre – pas de répit avec ces loustics ! – et qu'ils maîtrisent leur attirail : ils sont carrés en tous points. Enfin, la production est elle aussi honnête et ne fera pas trop saigner vos oreilles. En somme, VANRYSHEN s'en tire plutôt bien avec Sombre et vous l'aurez deviné : je vous la recommande vivement.

Mais je pourrais concevoir que vous me disiez que vous attendez autre chose que du Black Metal de cette trempe, car après tout, vous, moi et eux sommes tous des consommateurs.

Néanmoins, je vous rétorquerais que VANRYSHEN remplit une grosse partie de son contrat : il est entier et sincère; il joue bien, ce ne sont pas des techniciens à la petite semaine; ils sont violents, sombres et possèdent un petit côté blasphématoire pas déplaisant, satanique sur les bords sans  s'étaler. Sur scène, VANRYSHEN doit donc en dépoter quelques uns. Et c'est bien tout ce qu'on demande aux groupes de Black, à la base et moi du moins. Après, c'est vrai que niveau personnalité, on fait mieux. Mais en cette heure où d'un côté l'on pleure pour avoir sans cesse dans son assiette du neuf et du frais, et d'un autre côté où l'on hurle à la lune pour revenir au bon vieux Black Metal, mon coeur balance, car VANRYSHEN s'inscrit avec brio – c'est là la différence – dans une tradition respectable. S'il se débarrassait quelque peu et de sa tendance mélodique pour rendre plus malsain son Black Metal et du bourrinage à tout-va pour se concentrer sur des atmosphères poisseuses, peut-être en effet séduirait-il bien plus. Mais on ne pourra pas reprocher à VANRYSHEN de savoir mener sa barque, car Sombre est un beau bâtiment prêt à naviguer dans les rapides du Styx... Une galette qui mérite donc l'écoute et l'achat et un groupe prometteur qui mérite assûrément le soutien !