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LA VOIX DES OMBRES
9 mars 2012

NARTVIND – Obscur, obscur, obscur...

NARTVIND fait l'honneur à La Voix des Ombres de lui offrir sa première interview depuis sa création ! Nartvind est une formation belge fondée en 2001. Elle a produit deux full-length jusque ici.


 Nartvind

 

Hailz ! Bienvenue en Enfer ! Nartvind a son petit nom, sa petite place dans l'underground, et ses fans. Mais tous ne le connaissent pas, que peux-tu nous dire de Nartvind ? Quelle est son histoire ? Que veut dire Nartvind ?

Salut et merci de nous accorder ces quelques lignes.

En 2002, Ghoul (guitare et chant) et moi-même (batterie et chant) avions décidé de commencer à composer et enregistrer de la musique dans un style résolument « black metal ». Depuis plusieurs années nous étions baignés et fascinés par des groupes tels que Burzum et Darkthrone mais aussi Mütiilation et Inquisition (que je venais de découvrir en 2001 lors de leur concert à Ieper en Belgique). C’était un univers musical et idéologique avec lequel nous avions quelques affinités. Tout s’est alors passé de façon très naturelle : nous nous sommes mis à composer et enregistrer chaque morceau l’un après l’autre sans nous poser de question au sujet des structures ou de l’exécution. Et en une semaine nous avions bouclé les 8 morceaux que tu trouves sur notre demo Until their Ruin. Demo enregistrée avec notre enregistreur-cassette domestique et donc en une seule piste. Voici pourquoi certains pensent avoir affaire à un enregistrement de répétition.

Le nom « Nartvind » est grossièrement calqué sur Nachtwind qui signifie « vent de nuit ».

Pourquoi du black metal, et pas du death ?

Je n’ai rien contre le death metal mais je ne peux accrocher ni musicalement ni idéologiquement à ce style. Le black metal est une influence et le seul terreau duquel je parviens à faire croître les pires pensées qui me hantent l’esprit.

Comment décrirais-tu Nartvind ? C'est une formation foncièrement intimiste, introspective...

D’abord, Nartvind est un exercice qui me permet de mettre à jour de manière musicale ce que je crois être le fruit de ma pensée tourmentée. Ensuite, c’est devenu plus qu’un tel exercice : Nartvind devient une entité autonome qui trace ses propres courbes et dont je n’ai qu’à suivre le mouvement. Bref, c’est un projet dont l’identité dépasse les limites que je lui avais fixées au départ.

Comment ont été reçus les deux albums, Until Their Ruin en 2002 et Ruinous en 2010 ?

D’abord je dois préciser que Until their Ruin n’était pas un album. C’était notre demo. Et celle-ci a été repressée sur cd et vinyl en 2003 par le label belge Painkiller Records (Emptiness, The Beast, Enthroned). Je dois dire que cette demo a bien été reçue : e-mails d’encouragement, propositions de « splits », chroniques positives etc. Les critiques négatives venaient essentiellement de ceux qui pensaient avoir un vrai album entre les mains.

Ruinous est notre premier album (cassette sur Nightbirds et cd sur Grievantee/Deathcult). Certains ont été déçus de ne pas y retrouver le côté crasseux de la demo. D’autres y ont trouvé une ambiance et une profondeur inespérées. Pour faire une rapide comparaison avec la demo : ce premier album a été le sujet de moins de critiques mais chaque critique a été bien plus enthousiaste.

Que s'est-il passé, entre les deux albums ? Pourquoi tant d'attente ? Vous prenez votre temps, ou vous êtes très sélectifs, très attentifs à ce que vous faites ?

Nous n’avons jamais été pressés (nous ne forçons pas les événements) et nous aimons être satisfaits de nos morceaux (nous enregistrons ce que nous voulons écouter). Comme je l’ai écrit plus haut : tout se passe de façon très naturelle. Une fois les choses peuvent aller vite, une autre fois elles peuvent aller plus lentement.

Nartvind a-t-il la haine ? De quoi, de qui ?

La haine de l’humanité, ses valeurs et ses idéaux. Pourquoi ? Parce que je suis moi-même contaminé par cette humanité, ses valeurs et ses idéaux. J’aurais beau me révolter et hurler, je n’en reste moins foncièrement inscrit dans une culture judéo-chrétienne qui me dicte même la haine que j’ai envers elle. De ce point de vue, le pire individu est sûrement l’athée : il croit s’être débarrassé d’un « Dieu » passé de mode et encombrant, mais pourtant son schéma de pensée est resté identique en ceci qu’il croit toujours qu’il est moralement préférable de rechercher la « vérité » plutôt que le « mensonge ». D’où la laïcité et le monde des sciences qui persuadent l’homme de s’être libéré de chaînes alors qu’il est toujours solidement immobilisé.

De quelles manières ont été composés les albums ?

Ruinous, malgré sa simplicité apparente, a été l’objet d’un long processus lent et bourré d’embûches : chaque riff a été soigneusement sélectionné, la ligne de batterie volontairement très monotone a été épurée tout le long de la composition de la guitare et les structures ont été délicatement travaillées pour obtenir ce qu’il me semble être un tout cohérent. Encore en guise de comparaison : la demo Until their Ruin avait été composée et enregistrée en une semaine alors que l’album Ruinous nous a occupé pendant une longue année.

Quand et comment enregistrez-vous ? Vous composez « en permanence » ?

Nous enregistrons quand nos compositions méritent d’être enregistrées. Or nous restons de longs mois sans rien composer. Donc très peu d’enregistrements de Nartvind voient le jour. Bien souvent, une chanson part d’un seul riff autour duquel s’agglomèrent d’autres riffs. Après la musique viennent alors les mots : le titre et le texte viennent se poser de façon (encore une fois) naturelle sur le morceau enfin composé.

Quelles images Nartvind veut-il évoquer dans les esprits ? Que veut-il y imprimer ? Que veut-il susciter comme réactions ?

Nous ne voulons pas réellement évoquer d’images dans les esprits. En composant la musique et en écrivant les paroles, j’ai déjà moi-même beaucoup d’images fortes qui me traversent l’esprit, et ça me suffit. Bien sur je suis assez satisfait quand quelqu’un me raconte ses impressions au sujet de Ruinous : Ambiance froide, tournoyante, mélancolique etc. Il me semble que pour profiter au mieux de cet album, l’idéal est de l’écouter seul et couché dans son lit.

Quelles différences Nartvind a-t-il noté entre les deux full-lengths ? On note la production – mais le style, par exemple ?

En effet la production est assez différente grâce au matériel d’enregistrement utilisé : nous sommes passés d’un enregistreur-cassette domestique à un appareil multi-pistes branché sur un ordinateur. Le style a changé lui aussi : sur la demo nous proposions des morceaux plus nerveux (« Blitzkrieg ») et d’autres plus vicieux (« Hail Self Destruction ») qui n’auraient jamais eu leur place dans l’album. Dans un sens la demo est assez variée, alors qu’une ambiance unique (et sûrement plus cohérente) parcourt toute la durée de l’album. A première écoute, Ruinous est un album très ordinaire et sans surprise. C’est voulu.

Que racontent les textes ?

Dans les textes de Ruinous, il s’agit surtout de vagues scènes impersonnelles et je n’ai pas peur de brouiller les pistes en usant de métaphores et de multiples formules contradictoires, illogiques. Ces vagues scènes impersonnelles reposent sur un vécu. Vécu d’une personnalité elle-même profondément « nihiliste » (même si ce mot me répugne un peu). Mes textes ne racontent rien qui puisse toucher les autres. Ils me conviennent et me touchent moi-même et ça me convient ainsi. Bien sur, toute réaction par rapport à mes textes est la bienvenue et j’encourage donc les curieux à y jeter un œil par eux-mêmes.

De quelles formations Nartvind s'inspire-t-il ? On pense à Burzum, entre autres, mais pas que.

Principalement Burzum (Filosofem), Darkthrone (Transilvanian Hunger), Drudkh, Branikald et Forest. Je tiens à souligner l’importance de ces deux derniers groupes. En effet, Branikald et Forest délivrent une ambiance telle que nous ne pouvons pas ne pas nous en inspirer. A propos de Branikald, on pourrait presque parler d’expérience mystique. Rdyandalir est une tempête dont on ne sort pas indifférent.

Sur quoi bosse Nartvind en ce moment ? Quelle est son actualité ?

Ghoul est parti à l’autre bout du monde il y a quelques années et donc depuis son départ les choses avancent très lentement. Pendant sa longue absence, je prépare le morceau qui se retrouvera sur un split 7’’ ep avec Cosmic Church (Finlande). Une version vinyl 12’’ de l’album Ruinous et une version vinyl 7’’ du ep Mist (sorti aussi en 2010 en cassette sur le label belge Antihumanism) sont en préparation sur le jeune label belge Unholy Productions.

Nartvind en concert c'est possible ? Le black metal sur scène, en spectacle, c'est contradictoire avec l'esprit de celui-ci non ?

C’est possible qu’un jour Nartvind se décide à jouer en concert. Mais ce ne sera pas dans un avenir proche ni dans cette partie du globe. Nous avons refusé quelques propositions de concert parce que nous n’étions pas prêts. En réalité, nous ne répétons jamais nos morceaux. Une fois enregistrés, nous considérons qu’ils sont « capturés » de la meilleure manière possible et que ça ne servirait à rien de les reproduire sur scène.

Je ne crois pas qu’il y ait une réelle contradiction entre l‘ « esprit » du black metal et une représentation scénique. Ca dépend de chaque groupe : L’un ne se prête pas du tout à ce genre d’événement et sera totalement médiocre et l’autre aura l’occasion de déployer toute son aura. Allez voir Mare ou Black Majesty (Norvège) en concert : C’est une expérience particulièrement intense et un vrai manifeste de black metal.

Quels groupes belges ou locaux Nartvind soutient-il ? Et chez les français ?

Un groupe belge francophone : Dawn of Crucifixion. Efficace et direct. Une tuerie. À voir absolument en concert. Black / Punk / Thrash.

Un groupe belge néérlandophone : Faarthkrag dont la superbe demo tape The Station, The Passenger and The Vast Chasm est passée presque inaperçue. Black metal / Ambient.

Un groupe français : Taphophilia dont la demo tape Sinistres Emanations m’a fait forte impression. Black metal dans le style des débuts de Warloghe.

Peux-tu nous parler d'Eole Noir, Heidenwelt et Plague ?

Eole Noir est-il un frère jumeau de Nartvind ?Tu as encore des contacts avec Vilwolfheim ?

Le line-up d’Eole Noir est le même que celui de Nartvind. L’idéologie aussi. Ce sont le même « nihilisme » et le même pessimisme qui sont exprimés mais d’une façon plus sombre du côté de Nartvind et d’une façon plus mélancolique du côté d’Eole Noir. Je pourrais ajouter que l’émotion est plus canalisée dans Nartvind, alors qu’elle est plus palpable dans Eole Noir. Bref c’est une autre manière d’exprimer une même chose. Et ça se ressent au niveau de la musique : avec Eole Noir, les mélodies sont plus franches et les rythmes sont plus variés. Une autre particularité d’Eole Noir se situe au niveau du chant : les demo tapes en sont dépourvues et il est en français dans les deux splits avec Sombre Chemin et dans le mini album éponyme.

J’ai peu contribué à Heidenwelt : Vordae était passé à mon domicile afin d’enregistrer sa demo avec mon matériel. J’ai participé à la mise en place des structures des chansons et j’ai joué la batterie. J’en garde un très bon souvenir.

Peu après la demo Until their Ruin, Ghoul et moi avions décidé de faire quelques morceaux plus directs et tranchants. 4 nouveaux titres ont alors vu le jour, ainsi qu’un nom de projet (Plague) et un titre de demo (Visions of the Twilight). Ces nouveaux titres ont été enregistrés de suite mais ils sont restés dans l’ombre une année faute d’inspiration niveau chant. Après écoute de ce nouveau matériel, Nornagest (Enthroned) s’est montré tout de suite intéressé. Paroles et chant se sont alors greffés sans difficulté.

Bien sur, j’ai encore de fréquents contacts avec Vilwolfheim. Nous avons d’ailleurs un projet que je tarde à finaliser. Guitares et batterie sont prêtes. Ne reste que le chant. Même si nous avions chacun des opinions fort divergentes, une forte sympathie réciproque nous a préservés de vains conflits.

Qu'est-ce que ne fera jamais Nartvind ?

Tomber à genoux devant la Croix. Ce qui recouvre beaucoup d’autres choses…

Quels sont les trois adjectifs qui définissent le mieux Nartvind ?

« Obscur » dans les trois sens du terme.

Qu'est-ce qui t'a donné l'envie de parler de Nartvind dans La Voix des Ombres ?

Répondre à une interview ne me passionne pas beaucoup. Mais ça permet de clarifier certaines choses… J’ai choisi d’accorder la première interview de Nartvind à La Voix des Ombres parce que je pense y trouver dévotion, sincérité mais aussi volonté louable de mettre en avant les groupes francophones.

Qu'as-tu à dire comme derniers mots aux lecteurs de La Voix des Ombres ?

Peu importe le chemin. Il ne mène nulle part.

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