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LA VOIX DES OMBRES
3 septembre 2013

METAL MEAN FESTIVAL IXème éd. - UNDERGROUND Metal Fest as fuck !!!

Hello George ! Merci d'accepter cette interview pour La Voix des Ombres, c'est pas tous les jours que l'on lit des interviews d'organisateurs « amateurs » de Festival Metal !

C'était ma première venue au Metal Méan Fest et je dois te dire que je suis fort agréablement surpris : c'est festif sans trop l'être ; c'est à taille humaine ; ça dure une seule journée ; c'est pas loin de chez moi ; et l'affiche, généraliste, est bien sympa ! Quelles étaient les idées de départ avant la création de la première édition, sur le « concept » du festival metal de Méan ?

Je ne peux pas beaucoup te parler des deux premières années car j’ai véritablement rejoins l’organisation du festival lors de sa troisième édition mais en gros l’idée de départ vient d’un groupe d’habitants du village de Méan qui se sont lancés dans le pari de l’organisation d’un festival métal pour dynamiser un peu l’activité sociale de leur région. Ces deux premières années ont principalement permis à l’organisation de se roder à ce type d’événement, de faire le tri parmi les partenaires potentiels, de tester les erreurs à ne pas répéter, de s’entourer des bonnes personnes et de trouver la formule qui lui convenait le mieux. Le concept et l’orientation musicale se sont développés depuis la troisième édition et sont assez simples : proposer des groupes qui nous plaisent et dont l’approche nous correspond. Le Méan est un festival créé par des festivaliers pour les festivaliers. On garde à l’esprit que le but de l’organisation est d’offrir aux groupes les meilleures conditions possibles (accueil, catering, hôtel, backline, sono…) de sorte que leur prestation soit leur seule préoccupation. Parallèlement, nous essayons également d’offrir aux festivaliers les conditions les plus favorables possibles (chapiteau couvert, son, lumières…).

 

méan 2

Pour avoir créer ce festival, alors qu'il y en a tant d'autres ? Vous souhaitiez vous différencier, proposer du neuf ?

J’avais de plus en plus de mal à me retrouver dans les mega-structures que sont devenus les festivals typé ‘metal’. Des affiches éclectiques conçues pour attirer le plus grand nombre de visiteurs dont les motivations me restent incompréhensibles (le camping semble pour certains être l’endroit le plus intéressant d’un festival). Des festivals sur minimum 3 jours avec de multiples scènes, des groupes qui jouent en même temps, des hordes de mecs déguisés, des prix de boissons et de nourriture plus efficaces que n’importe quel régime… j’ai souvent le sentiment de ne pas être à ma place dans ce genre d’Eurodisney musical.

En fait ce n’est pas vraiment faire du neuf que l’on essaie de faire mais plutôt du vieux. Notre festival n’est rien d’autre finalement qu’une réplique des festivals des années 80. 1 jour, une scène, un prix qui ne te plombe pas le budget du reste du mois et des gens qui sont là pour la musique.

Peux-tu nous rappeler le running order de 2013, et nous dire s'il-te-plait de quel groupe toi, ou l'équipe, êtes le plus fier d'avoir vu sur cette scène ? Je vais t'avouer, mes priorités étaient DESTROYER 666 et surtout THE RUINS OF BEVERAST !!!

Le running order était : Exuviated, Saille, Year Of The Goat, Degial, Tribulation, Decrepit Birth, Destroyer666, Anaal Nathrakh, Marduk, Dying Fetus, The Ruins Of Beverast.

Les groupes que j’ai eu le plus de plaisir à voir sur notre affiche sont Degial, The Ruins Of Beverast et surtout Tribulation…mais notre plus grosse fierté est d’avoir proposé ces 11 groupes pour 25 € (parking et entrée compris).

Un festival, ce n'est pas un concert d'un soir ! C'est une toute autre organisation ! Combien de temps cela prend-il de tout organiser pour le jour dit ? Une année ?

Exact, on (les 8 membres de l’ASBL) commence directement la semaine qui suit le festival par un gros débriefing de ce qui a bien fonctionné (en général, c’est bref) et de ce qui peut être amélioré (là on n’a pas assez d’une soirée). Au niveau structurel, les choses sont un peu plus faciles avec le temps. La formule restant la même depuis la première édition, il y a maintenant toute une série d’éléments que nous pouvons anticiper et qui sont donc plus ou moins sous contrôle. Par contre, l’intendance, la chasse aux sponsors et l’équilibre financier sont des éléments qui nous prennent énormément de temps et d’énergie.

Quelles sont les équipes de bénévoles ? Qui fait quoi ?

La grande majorité des bénévoles sont des amis ou connaissances qui d’une manière ou d’une autre soutiennent notre projet et sans qui (même si ça fait un peu bateau de le dire) ce genre de festival n’aurait pas l’ombre d’une chance d’exister. Le fait de connaître personnellement toutes ces personnes facilitent énormément les choses, pas besoin d’être derrière eux pour contrôler le travail et beaucoup de problèmes sont solutionnés avant d’arriver jusqu’à nous. Chaque membre de l’ASBL se charge d’un poste bien précis (transport, backstage, stage…) et gèrent avec ses bénévoles le bon fonctionnement de son programme). En règle générale, plus c’est simple plus c’est efficace.

méan 1

 

Combien de bénévoles pour cette association ? J'ai entendu des bénévoles parlaient toutes les langues de Belgique !

On s’appuie sur une petite centaine de bénévoles qui viennent de Flandre, de Wallonie et même de France.

Qu'est-ce qui est le plus difficile dans la création et l'organisation d'un festival comme celui-ci ? Que redoute-on le plus en tant qu'organisateur ?

Le plus difficile est de trouver le juste équilibre entre le côté pragmatique et le côté un rien aventurier. Si tu es trop pragmatique, tu arrêtes avant même d’avoir commencé. Il faut être un peu givré pour prendre autant de risques pour finalement pas grand-chose…juste le plaisir un peu masochiste de ce dire ok c’est fini on y est arrivé le lendemain du festival. D’un autre côté si tu es un doux rêveur tu vas te planter dès la première édition et il te faudra de multiples années pour t’en remettre financièrement.

Ce que tout organisateur redoute en fait (hormis l’élément extérieur incontrôlable et imprévisible qui provoque une annulation pure et simple de ton festival) c’est l’indifférence du public. Une affluence médiocre composée de touristes qui suivent les concerts d’un œil indifférent dans un coin du bar est un truc que je n’ai pas trop envie de vivre.

L’annulation en dernière minute d’une tête d’affiche peut aussi être quelque chose d’ennuyant que je souhaite éviter.

méan affiche

 

Quel est le plus grand bonheur vécu avant, pendant et après le festival ?

Se dire pendant les quelques jours qui suivent le festival ‘on y est quand même arrivé’…donne un sentiment proche du bonheur.

Sinon, en tant que fans voir certains groupes sur ta scène te procure un sentiment assez agréable. Quand en 2007, Necrophobic a terminé son set avec the Nocturnal Silence et même si je ne suis pas particulièrement nostalgique …je me suis souvenu qu’une quinzaine d’années plus tôt, le premier album d’un groupe que je considérais comme l’équivalent de demi-dieux vivants tournait des soirées entières sur mon lecteur.

Quand un groupe de ta première partie d’affiche comme Tribulation cette année te lâche qu’ils ont vendu une heure après leur set la totalité du merchandising qu’ils avaient apporté…je mentirai en disant que ça me laisse indifférent.

Musicalement, je dois te dire que les prestations de Mayhem en 2010, Taake en 2009, Urgehal en 2011 et surtout Tribulation et The Ruins Of Beverast cette année sont des moments assez magiques que je ressors quand parfois les problèmes semblent vouloir éclipser toute motivation.

A ton avis, qu'est-ce que ne s'imaginent pas les gens qui viennent assister aux concerts, à propos de l'organisation ? Je dis ça car j'ai organisé des concerts !

Peut-être la somme de travail que ce genre d’organisation nécessite….ce qui n’est finalement pas plus mal. Quand je vais voir un film, je dois t’avouer que je me fous pas mal de savoir combien de mois le tournage à pris, ni les sommes faramineuses qui ont été mises en jeu. Je veux juste m’éclater et le fait de payer mon prix d’entrée m’y donne droit. Je trouve qu’il doit en être ainsi pour un festivalier. Il vient parce que les groupes sur scène le vont rêver. Il s’éclate et communie pendant le set et puis retourne chez lui en se demandant quel groupe il va aller voir le prochain week-end. Si les choses se passent ainsi pour les festivaliers du Méan, ça signifiera qu’on a atteint notre but.

méan TROB

 

Comment s'est monté l'affiche 2013 ? Qui décide ? Quand la liste s'arrête-t-elle ?

Ici je dois t’avouer que je suis un rien égoïste et que depuis sept ans je ne suis que mes goûts et envies. A l’exception d’un ou deux plus gros noms en tournée dont on sait qu’ils assureront une partie de la fréquentation du festival, je ne choisi que des groupes que je crève d’envie de voir chez nous sans me soucier le moins du monde de leur rentabilité. Quand tu vois à l’affiche un groupe comme Degial (encore trop peu connu à mon gout) qui vient en one shot (c'est-à-dire que ton festival prend en charge la totalité des frais d’avion, de transport, d’hôtel…) tu comprends que le côté financier n’est pas toujours notre point fort.

Pour répondre à la deuxième partie de ta question, je dirais que la liste s’arrête quand on a 10 noms ou avant si j’ai prématurément épuisé le budget artistique.

Il y a le site (le champ ; les batisses, le terrain de sport ; le matériel sono, etc) à assurer, les groupes à payer, etc... ET pourtant, votre tarif d'entrée n'est pas très élevé : comment faites-vous ?

Réponse facile : le festival n’a aucun but lucratif, personne dans l’orga n’est rétribué d’une manière ou d’une autre… tu t’imagines que ça fait une énorme différence avec la plupart des festivals sensés nourrir et faire vivre pas mal de personnes.

De plus, on chasse pendant 12 mois les sponsors (petits ou grands) on recherche tout type de deal nous permettant de dégager un peu de cash à consacrer aux groupes. Plus de 60 % de notre travail consiste à se demander comment dépenser moins ou comment faire rentrer plus d’argent dans les caisses (en ne touchant aux recettes de la billetterie et du catering qu’en dernier recours) pour avoir le budget le plus important possible à consacrer aux groupes et au confort des spectateurs.

C’est aussi pour cette raison que contrairement à la majorité des festivals nous ne sous-traitons pas le catering, tu croiseras souvent le boss du festival en train de cuire des saucisses ou de préparer des sandwiches. Gérer le catering en interne demande une organisation énorme, ça nous mange un temps dingue mais c’est le prix à payer pour rester maitre des prix pratiqués sur ton festival et pour nous c’est également une rentrée indispensable pour équilibrer le budget.

Préparez-vous déjà 2014 ou vous accordez-vous du temps pour souffler ?

On est déjà complètement immergé dans l’édition de 2014(qui sera celle du dixième anniversaire). Les sponsors sont déjà remerciés pour 2013 et parallèlement mis à contribution pour l’année prochaine.

As-tu le temps d'aller dans d'autres festivals ? Le Hellfest ou le Wacken par exemple ?

Pas vraiment (pour les raisons expliquées plus haut), je vais le plus souvent possible aux concerts qui m’intéressent mais je trouve souvent une bonne raison pour ne pas me déplacer dans la plupart des gros festivals.

Je reste un indécrottable partisan des arrière-salles de bistrots qui sentent la sueur et les décibels (si les décibels ont une odeur…j’ajouterai qu’avoir une épouse et un fils qui partagent la même passion est une grande chance)

 

méan 4

Il y avait des poubelles... et pourtant, à minuit, c'était l'enfer pour marcher, les metalheads en ont rien à foutre et jettent tout. J'ai trouvé ça irrespectueux !

D’accord avec toi, on essaie de faire un effort pour réduire le côté polluant d’un festival (gobelets réutilisables, navettes en bus gratuit de la gare la plus proche vers le site du festival, présence de nombreuses poubelles sur le site du festival…) mais en finalité ce sont les gens qui décident et manifestement cette année, le côté écologique ne les pas vraiment interpellés. En conséquence, le dimanche matin nous avons passé deux heures avec une dizaine de bénévoles à ramasser des déchets en tous genres.

méan 3

Question conne : combien de litres de bières bues cette année ?!

78 fûts à plus ou moins 180 verres par fût… le festivalier du Méan est un gros consommateur.

Qu'est-ce que ne fera jamais le Metal Méan Festival ?

Dangereux…il ne faut jamais dire jamais…mais bon on peut être certain qu’on ne fera jamais Metallica, qu’on n’est pas trop branché groupes folklorique/marrant…

Sinon, ce serait bien qu’on ne se prenne jamais au sérieux ou que jamais nous ne manquions de respect à un musicien quel que soit son degré de notoriété.

Peux-tu résumer en trois adjectifs l'état d'esprit du festival s'il-te-plait ?

Underground (par sa programmation)

Underground (dans son accessibilité)

Underground (dans l’esprit)

méan 5

 

La Voix des Ombres te remercie, les derniers mots sont à toi pour le Metal Méan Festival !

Finalement, je ne me suis jamais (avant cette interview) vraiment arrêté pour m’interroger sur ce qui peut me pousser à organiser ce genre de festival…je n’ai toujours pas la réponse si ce n’est que je sais maintenant que j’aurais deux ou trois histoires à raconter aux autres vieux baveurs quand je serai parqué dans un hospice de campagne.

Merci à toi d’être venu, d’avoir payé ton entrée pour venir chez nous (c’est suffisamment rare que pour être signalé…je ne te dis pas le nombre de pseudo amoureux de la scène qui ne comprennent pas qu’un festival ne vit pas avec une guestlist mais avec des rentrées financières) et puis merci pour l’interview.

https://www.facebook.com/metalmean

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