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LA VOIX DES OMBRES
27 juillet 2013

ADRASTE - Brut, froid & belliqueux

adraste

 

 

Hailz ADRASTE ! Beaucoup de questions me trottent en tête, alors préparez vous à une longue interview ! J'avais vu ADRASTE il y a un an, et le niveau n'était pas le même que celui que j'ai entendu hier au Rockstore de Carvin. Bienheureusement, vous avez évolué sur tous les plans, techniquement parlant. Désormais, vous avez une vraie osmose sur scène, qui se ressent, et j'ai aussi pu constater votre détermination à vous rendre meilleurs encore – d'ailleurs, vous n'avez pas splitté depuis ! Quelles sont vos motivations ? Jusqu'à quel niveau voulez-vous monter ?

Ave ! Les motivations ? Tout simplement jouer une musique que l’on aime et la faire partager ainsi que les quelques messages qui l’accompagnent. Et aussi la nécessité de parfaire notre cheminement individuel à travers l’art.

Monter ? Jusqu’où le vent nous portera sans jamais céder une once de notre intégrité.

ADRASTE est désormais bien connu sur Lille et le NPDC. L'est-il ailleurs ? Jouez-vous ailleurs en France et en Belgique voisine ?

Adraste, commence à se faire connaître dans le Nord, en effet, nous avons joué dans différentes salles de la région, notamment sur Lille, Valenciennes, Carvin, mais nous jouons aussi de plus en plus en Belgique, pour l'instant en Wallonie très bientôt en Flandre. Nous avons eu la chance d'être invités à jouer à Tours.

Nous aimerions ardemment nous exporter hors de notre région, cependant, nous nous retrouvons, hélas confronté au silences des salles et surtout des associations gérants les dates de concerts dans les salles métal des autres régions. L'envie est là, mais les moyens d'y parvenir sont réduits.

Féa, ton jeu de guitare est vraiment devenu excellent : quelle relation entretiens-tu avec l'instrument? Es-tu constamment à jouer avec ?

Féa : Merci beaucoup pour le compliment ! Il y a une relation forte entre ma guitare et moi, c'est un instrument personnel auquel je suis fortement attachée. Je joue de la guitare quelques heures par semaines y compris les heures de répètes, tout dépend des périodes, certaines seront plus intensives que d'autres, notamment au moment de la recherche de riffs et de la création des morceaux. Ma devise est de bien laisser macérer la mélodie en tête avant de la présenter aux autres membres et de créer le morceau.

Féa, tu fais aussi les vocaux Black (pas mal douloureux, bien maîtrisés) et voix claire : c'est rare une femme à ce poste dans le Black ! Pourquoi tu t'y colles et pas le bassiste ? Qu'aimes-tu dans la pratique du chant et en particulier celle-ci ?

Féa : J'ai toujours souhaité chanter dans un groupe de métal extrême, et ce depuis l'adolescence. Cependant énormément de musiciens, surtout des hommes n'ont eu de cesse de me répéter qu'une femme ne pouvait le faire, car pas assez de puissance, et puis « le métal est un monde de mecs! ». Comme l'on ne me donnait pas ma chance, j'ai mis de côté l'idée de chanter, dans un premier temps et me suis mise à la guitare afin de créer mon univers. La découverte de groupes de métal à chant féminin hurlé m'a conforté dans l'idée qu'une femme aussi pouvait chanter du métal extrême ce qui a ravivé mon désir de chanter.

J'ai eu la chance de pouvoir créer le groupe, grâce à mon batteur Sukellos, ainsi que Lugos, mon bassiste, qui nous a rejoint plus tard, après la création du concept. Lors de la construction du groupe ne me croyant pas capable de chanter et jouer, j'avais fait appel, dans un premier temps, a des amis pour le chant, mais aucun n'a souhaité s'y coller, j'ai décidé de prendre les choses en mains et d'y poser ma voix, cela a demandé du travail et maintenant je remercie tous ceux qui ne m'ont pas aidé et qui m'ont permis de me découvrir et de m'épanouir dans cette activité, il serait impensable de ne plus faire de chant black me concernant. Le chant hurlé est pour moi une délivrance, une affirmation de soi, une revanche bien mérité contre les idées reçues. C'est une arme, une force et surtout une fierté.

Lugos : Premièrement parce que je n’ai jamais appris à gueuler et jouer en même temps, mais cela viendra-t-il peut-être par la suite. Je préfère donc pour le moment me concentrer pleinement sur mon instrument et me cantonner au rôle de bassiste qui est de faire le pont entre la batterie et la guitare, et de donner de la profondeur à cette dernière. Ce qui n’empêche pas de faire quelques backing vocaux ici et là, toujours en appui. Deuxièmement, Féa étant l’initiatrice de ce projet, il est donc tout naturel qu’elle tienne le chant (surtout qu’une nana au chant et à la gratte est très rare dans le genre !), d’autant plus que sa sensibilité féminine et ses vociférations collent parfaitement à cette énergie lunaire qui caractérise le Black Metal !

Au concert du Rockstore, j'ai relevé que l'une des pistes était clairement influencée par Celestia, et une autre piste (Lughnasadh) par KristallNacht/Seigneur Voland. Au final, ADRASTE puise plutôt dans le vivier français des années 90 je crois. Partagez-vous cette opinion ?

Adraste, s'appuie sur de nombreuses influences, toutes aussi différentes qu'il y a de membres dans le groupe.

Personnellement, je suis très influencée par la scène norvégienne ainsi que la scène allemande de Pagan Black, leur manière de construire les morceaux, la froideur des riffs, rudes et sans fioritures me touchent particulièrement. Certains groupes de la scène française m'inspirent, notamment Bélénos, Noturnal Depression, Temple of Baal avec qui nous avons eu la chance de jouer. Régulièrement, certaines personnes du public reconnaissent des influences auxquelles nous n'avons pas pensé à la création des morceaux, ce qui nous touche positivement, si cela peut donner un sentiment familier au public, lui faire ressentir des choses, nous en sommes ravis.

Sukellos, à la batterie, est le cœur du groupe, il est fort influencé par le Brutal Death, c'est son style de prédilection, il nous fait profiter de sa culture et de son style en cette matière, il apporte du souffle aux riffs linéaires des morceaux, et il faut l'avouer, c'est bon pour le palpitant.

Lugos, apporte fraicheur et renouvellement constant du style, il nous fait jouir de sa grande culture Black et Death, en nous forçant toujours à évoluer. Il apporte stabilité, technique, et nous ouvre les yeux sur les diverses opportunités d'alliages musicaux. Il connaît toujours le petit groupe inconnu de l'autre bout du monde et nous le fait découvrir pour notre plus grand plaisir; c'est notre « base de données musicales » !

ADRASTE s'attache à l'histoire française, de la Gaule antique si j'ai bien compris ? Quels sont les thématiques des lyriques ? Que veut dire le nom du groupe ?

Adraste est une déesse guerrière révérée dans l’ancienne tribu celte des Icéni (sud de l’Angleterre).Elle est l’équivalent d’Athéna chez les grecs. Dans d'autres régions elle est appelée La Morrigane, elle est, comme toute déesse, affiliées à la Lune, et tout comme elle, a de multiples facettes, c'est la déesse de la guerre, des morts, qu'elle vient chercher sur les champs de batailles très souvent sous l'apparence d'une corneille, elle représente aussi la fécondité et l'érotisme.

Nous nous attachons énormément à la vie quotidienne du gaulois en tant qu'individu, sa vision du monde, sa façon d'appréhender sa destinée, ses rites, ses craintes, ses espoirs, ses batailles. Nous traitons de Batailles historiques, de chants guerriers, mais aussi de moments privilégiés entre l'homme et ses divinités, la nature et sa célébration. Nous souhaitons entretenir le souvenir des anciennes traditions afin qu'elles ne succombent pas aux ravages de l'oubli.

Lugos : Adraste est à mes yeux une ode au féminin sacrée, à la Nature sauvage et mystérieuse, à la Déesse de la Terre, et par-delà au panthéisme celtique en général. Un témoignage des batailles mythiques de nos ancêtres, de cette fierté guerrière et d’une certaine liberté d’esprit, non sans une bonne part de nostalgie ! De certaines valeurs et vertus qu’il serait bon de remettre à l’ordre du jour.

Quelles liaisons spirituelles avez-vous avec ce lointain passé, guère oublié, mais perdu ? A quels éléments antiques vous raccrochez-vous et qui vous identifient ?

Féa : Nous avons la chance de vivre dans une région riche en vestiges antiques, le Nord/Pas de Calais et la Belgique n'ont rien à envier à La Bretagne. La région est pleine de sites contenant des mégalithes encore chargées d'énergies et d'histoires, et accueille de très beaux sites archéologiques dédiés à cette époque. Il est donc normal de faire honneur à cette Histoire qui ne demande qu’à ne pas se terrer dans l'oubli. Certains d'entre nous participent à des événements d'archéologies expérimentales, nous sommes entourés d'artistes, artisans et passionnés de ce passé, loin d'être oublié et profitons de leur savoir. Nous nous recueillons régulièrement aux pieds de ces mégalithes, la pochette a d'ailleurs été prises aux pieds d'un cromlech de la région.

Lugos : En ces temps de déracinement forcé au nom de la mondialisation, il est plus que temps de jeter un œil dans le passé et de redécouvrir d’où nous venons. De déterrer notre héritage culturel et ethnique qui fait ce que nous sommes. C’est avec une identité forte, mais cependant ouverte sur le monde, que nous pouvons tenir ferme tel des remparts face à ce déferlement de sous-culture décadente et d’uniformisation. A chacun d’aller puiser ou bon lui semble ces trésors de connaissance. Pour ma part je vais chercher principalement dans l’héritage nordique, celtique, hellénique et les traditions européennes en général qui ont toutes une origine commune venue du fond des âges. Mais encore l’hermétisme, le gnosticisme, le shamanisme, et bien d’autres cultures de par le monde qui détiennent chacune une part de vérité à leur manière; c’est le respect des différences qui compte car l’on peut défendre et être fier de sa propre culture sans forcément s’y enfermer et chier sur celles des autres !

 

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C'est quoi faire du « Pagan/Black Metal » ? En quoi votre musique est-elle païenne ?

Lugos : Chaque étiquette est toujours quelque peu réductrice mais bien pratique pour savoir où l’on est. Celle-ci désigne avant tout du Black Métal teinté d’influences traditionnelles tant à un niveau musical que conceptuel. Ainsi l’ambiance grandiloquente et les touches médiévales ou folk des premiers Satyricon et Enslaved peuvent être considérées comme telles ; l’ambiance glaciale et mystique des premiers Emperor, Darkthrone, Immortal sont autant d’hymnes à la nature sauvage et mystérieuse; la musique de Burzum (toutes époques confondues) sans parler de Bathory et du grand Quorthon qui posa les bases du Black et du Viking Métal. Ainsi notre démarche se veut fidèle au Black Métal tout en y incorporant quelques éléments ethniques et traditionnels, le tout accompagné de paroles scandées en français témoignant de notre héritage culturel !

Féa : Le Pagan Black, est avant tout du Black Metal. Il est important de souligner que le terme « pagan »ne signifie en rien « festif », il signifie un retour aux racines, un retour à la Terre, à l'Histoire, aux éléments naturels, aux divinités antiques et à Mère Nature. Il nous tient à cœur de faire le distinguo car nous sommes trop souvent amalgamé au « métal folk » semblable à Korpiklaani ou Eluvetie, alors que nous n'avons aucun lien de parenté musicale ce genre. Notre musique est du black, répondant aux règles de disciplines du genre dont l'esprit et les lyriques sont inspirés des anciennes traditions.

Que vous évoque par exemple Windir et Kampfar d'un côté, et Graveland, Temnozor et NM d'un autre ?

Lugos : Les norvégiens de Windir et Kampfar sont bien sur des références incontournables pour notre musique, ces groupes ont parfaitement fait la synthèse entre Black Metal et héritage culturel. Nous nous sentons également proche d’Helheim et des allemands de Helrunar. Du côté de la Pologne j’ai énormément de respect pour la musique guerrière de Graveland ainsi que pour ses concepts et son esthétique fortement enraciné dans la culture nordique. De même pour le Black folk de Nocturnal Mortum et de la très prolifique scène slave. Je ne connais pas Temnozor mais j’y prêterai une oreille attentive.

Vous sentez-vous être païen en jouant, pensez-vous transmettre ce « sentiment païen » ? N'est-ce pas fragile comme lien ?

Lugos : C’est au plus noir de ma nuit que j’ai eu le bonheur de rencontrer Féa et Sukellos, telle une lueur dans l’abîme me tirant progressivement de ma torpeur à ce moment précis de mon cheminement spirituel. C’est tout naturellement que nous avons uni nos forces, munis d’une vision musicale commune ainsi que des thématiques qui me tiennent particulièrement à cœur. Cela me fît l’effet de retrouvailles après une longue errance et une opportunité salvatrice de rester connecté à cette énergie païenne. Et ainsi renforcer toujours plus ce lien alors fragile. Aujourd’hui on ne se bat plus sur les champs de bataille, le combat se situe à un autre niveau, les manches de nos grattes (ou nos baguettes, c’est selon !) sont comme des glaives, et les échos métalliques qui en découlent sont autant de reflets d’un Age de Fer en fin de course. Autant d’outils à notre disposition afin de transmettre les messages des Dieux anciens et de notre héritage euro-païen, car il ne s’agit en fait que de cela, faire réfléchir !

Y'a-t-il de la haine dans ce que vous jouez ? Si non, de la violence, de l'agressivité ? Contre qui faut-il se battre, alors que tout est désormais abattu ?

Féa : Le Black Metal est un style voué aux sentiments extrêmes, la haine en fait partie, au même titre que le doute, la terreur, le désespoir, la désillusion, la dévotion, l'adoration, etc...

Nous touchons à l'Humain, et ce qu'il a de plus noir.

L'ennemi de l'époque était le peuple romain et autres peuples d'envahisseurs, aujourd'hui l'ennemi n'est plus un peuple dénommé, l'ennemi et impalpable, il est omniprésent, la technologie outrancière sans conscience, le maniement des esprits par des média sans culture ni savoir, le déracinement des populations, là, se trouvent les nouvelles batailles afin de ne pas perdre son identité.

Lugos : Comment ne pas éprouver de ressentiment face au vide béant laissé en nous par l’existence moderne ? Nous sommes tiraillés entre le haut et le bas, entre l’animal et le divin, l’esprit et la matière. ! Nous sommes coupés de notre nature profonde, le Loup hurle à la Lune, le Dragon, à défaut d’être paralysé, nous brûle les entrailles, et c’est précisément ce feu d’en bas que nous devons apprendre à maîtriser. Le Black Metal en est d’ailleurs l’une de ses plus pures expressions.

« Contre qui se battre ? » ce « nouvel ordre mondial » annoncé qui n’a rien de nouveau et n’est que l’ultime phase d’un système de domination protéiforme et trisomique issu du monothéisme patriarcal. Une énième tour de Babel surmontée par l’œil cyclopéen de l’usurpateur monothéiste, la populace sous le joug emprisonnée à sa base; un édifice éphémère voué à l’effondrement à plus ou moins courte échéance ! Il ne s’agit pas non plus de tomber dans un délire satanico-complotiste dangereusement manichéen nous déchargeant ainsi de toutes responsabilités. En effet nous avons tous une part de responsabilité (certes plus ou moins grande) dans tout ce bordel par nos actions ou inactions, nos pensées et à qui l’on donne de l’importance. Au final le combat est avant tout en nous-même !

Plus que de se sentir appartenir au mouvement païen... comment l'est-on, concrètement ?

Féa : Il n'y a pas de « mouvance païenne » à proprement parler, il n'y a pas d'organisation spécifique, pour certains d'entre nous, dont moi-même, cela consiste en admirant la Nature et sa perfection, en célébrant certaines fêtes anciennes, en appréciant ce que nous avons, en ayant conscience des sacrifices passés. C'est faire l'effort de souvenir, c'est s'affranchir de toutes règles de vies imposées, hormis par nous-même. Ce n'est en rien de la politique, contrairement à certains groupuscules se dénommant à tort « néo paganisme » et délivrant des propos nationalistes à l'extrême. Nous n'avons aucun lien, avec ce mouvement.

Lugos : Par définition le paganisme désigne l’ensemble des traditions spirituelles des peuples de la Terre, à laquelle nous appartenons avant tout. Sagesse ancestrale d’avant l’essor des 3 religions monothéistes qui ont coupées les hommes de leurs racines. Tout cheminement spirituel authentique étant avant tout individuel, il ne s’agit pas d’appartenir à un mouvement quelconque qui serait figé dans des dogmes et enfermé sur lui-même, ce qui serait ne pas faire mieux que les religions monothéistes contre lesquelles nous nous dressons. Si mouvement il y a c’est émergeant d’un contexte naturel transcendant toute organisation humaine car en contact direct avec la Source.

Loin de tout passéisme désuet et stérile comme voudraient le faire gober ses détracteurs, le paganisme et bel est bien une vision intemporelle ! Ces forces ont été symbolisées et personnifiées de différentes manières selon les cultures à travers le monde. Des Dieux et Déesses multiples, comme autant de différents visages du divin, garant de la tolérance et de la diversité qui fait toute la richesse de l’héritage humain ! Le paganisme étant la vie même, l’apprentissage est sans fin, c’est un voyage perpétuel, et il y a autant de chemins que de cheminant. La mythologie est un bon moyen d’appréhender ces forces qui nous régissent, d’établir une relation intime avec elles, d’apprendre à se connaître soi-même ainsi que les mouvements humains. La magie runique, le shamanisme, les arts en général, voici quelques exemples de chemins pouvant contribuer à faire renaître la flamme païenne en nos cœurs !

Du point de vue païen, comment voyez-vous l'avenir ?

Lugos : Le temps étant de nature cyclique (et non linéaire sauf en apparence) le sombre tableau décrit plus haut fait parti d’un processus naturel d’involution / évolution pour l’humanité, à un niveau individuel et collectif. Une déstructuration/restructuration nécessaire au renouvellement de la vie parfaitement illustré dans le mythe nordique du Ragnarök par exemple.

Fort des expériences issues du monothéisme et du modernisme, c’est à nous qu’il convient de reconstruire de façon durable sur les cendres de ce monde et de ne pas se laisser entrainer dans sa chute inéluctable. C’est ici que s’inspirer des modes de vie des cultures antiques, et d’avant l’avènement de l’ère industrielle en général, se révèle une source d’inspiration intarissable. Par-delà le monde des hommes il y a les forces de la Nature qui ont toujours été là et veillent au grain mais n’interviennent pas, suivant la loi du libre arbitre. Car là est tout le défi, d’acquérir notre liberté par nous-même et de retrouver notre place entre terre et ciel. L’adversité est là pour nous tester, et bien intégrée, elle nous tire vers le haut. Au final c’est vers ce 3éme point d’équilibre ou de liberté (symbolisé par le triskel celte) qu’il faut tendre autant que faire se peut, car la vie ici-bas étant ce qu’elle est, les références sont en perpétuel mouvement, et c’est bien cela qui donne du sens à l’existence!

Il y a 6 pistes sur la démo, vous en jouez trois autres sur scène : peut-on en avoir un track-by-track ?

La démo est composée des titres :

-Oraison païenne et son introduction, il s'agit d'une invocation faite à Adraste et Morrigane, déesses de la mort, car un membre du clan vient de s'éteindre, et il est tant que les corneilles viennent le chercher dans les flammes du bûcher.

-Adraste, est une chanson de guerre, il s'agit de la description d'une bataille entre deux clans, la déesse est donc invoquée pour qu'elle donne force et bravoure aux valeureux guerriers.

-Vae victis, signifie « malheur aux vaincus », elle représente l'espièglerie et la fierté gauloise, il s'agit d'une phrase latine détournée par un haut général gaulois, lors de la défaite des romains.

-Lughnasadh est un morceau traitant de l'homme face à ses peurs, à son devenir, est ce que, comme Lugh, le dieu solaire, s'évanouissant dans la nuit hivernale, l'homme va t-il renaître ou va t-il s'éteindre sans aucune trace.

-Les chants de la terre sont une invocation, de la déesse de la terre, à Gaïa, à la nature, un remerciement aux divinités.

Nous ajoutons au set:

-Taranis, une chanson à la gloire du Dieu du tonnerre et à sa trinité : Esus, Taranis, Toutatis, et la crainte qu'ils inspirent au peuple submergé par les éléments; il s'agit d'un morceau pour apaiser leur colère.

-De Bellum Gallico : est un morceau traitant de la grande défaite d'Alésia, le choix dans cette bataille prête à être perdue de se rallier à l'aigle, symbole de la puissance romaine, ou de la Corneille, avatar de La Morrigane, grande figure de la puissance celtique.

-Enfin, Sélène la dernière-née pour l'instant, traite de la féminité sous toutes ses facettes, à l'image de son astre lunaire, la femme peut se mouvoir en différents état, déclinables de façon ternaire, en effet, avant d'être femme, elle est une enfant, à l'image de la lune croissante, puis mère à l'image de la pleine lune, puis vielle femme, telle la lune décroissante; une allusion est faite aux nornes, qui tissent, filent et coupent le fil de la destinée. Dei Mater à trois visages, et tous sont explorés dans cette chanson.

Comment se construit une composition chez ADRASTE ? Répétez-vous souvent ?

Féa : J'apporte en règle générale, des riffs qui me semblent bien s’enchaîner, je les présente à mes camarades de jeu selon l’enchaînement qui me semble le mieux, nous en discutons, Sukellos part en recherche de « beat » afin de faire vivre le morceau, Lugos apporte des riffs issus de ses influences black et death, et apporte des propositions d'arrangements, le morceau s'habille au fur et à mesure des essais et discussions quant à la thématique choisie selon le sentiment procuré par le morceau, puis enfin, le chant est écrit après avoir discuté ensemble du concept, seront pris en compte la structure et rythmique afin de déterminer la nature de l'écriture et le placement sur le rythme en adéquation avec mon débit de parole hurlé ou chanté. Depuis que nous avons allié nos forces, il y a maintenant plus de 2 ans, nous avons toujours été plus ou moins réguliers, tournant à une moyenne d’une répétition par semaine.

Définitivement, pour moi, le Black Metal n'a rien à foutre dans une salle de concert et surtout pas en plein jour ! Mais mon avis là-dessus est vraiment marginal, car les metalleux aujourd'hui, aiment faire avant tout la fête. Et vous ? Qu'en pensez-vous ? Est-ce un besoin, une jouissance ?

Le problème du Black Métal est que c’est une musique très difficile à reproduire sur scène. Les conditions sont, à notre niveau de notoriété, toujours différentes et cela nuit quelquefois à l’atmosphère de nos compos. Là réside certainement tout le défi ! Arriver à recréer cet univers quelques soit les conditions ! Les concerts, sont pour nous un moyen de communier avec le public, un moyen de se rencontrer, de faire connaître notre musique. Le contact avec un public est primordial, car nous souhaitons faire ressentir quelque chose à l'auditeur, son énergie, son enthousiasme ou au contraire sa désapprobation est un point essentiel de la construction et de l'évolution du groupe. Bien entendu, nous sommes, d'accord avec toi sur le fait que le Black perd de sa force en journée, comme les fleurs du mal, il a besoin de pénombre et de la lune pour s’épanouir. Et puis question ambiance c'est incontestable!

Bossez-vous sur une nouvelle démo, un premier album ? Jouez-vous dans d'autres formations ?

Pour le moment nous sommes concentrés sur Adraste. Nous envisageons d’enregistrer les morceaux que nous avons déjà sous la main et d’en composer de nouveaux en vue d’une seconde galette. L’idée d’un split nous plairait également à condition de trouver un groupe avec qui nous aurions une vision musicale et conceptuelle plus ou moins commune.

Quels sont les groupes locaux que vous soutenez et qui valent la peine d'être soutenu, suivi ?

Nous soutenons toute la scène locale et les noms qui nous viennent immédiatement à l’esprit sont Malcuidant, Death Agony, Hats Barns, Hast, Dark Managarm.

Trois adjectifs pour définir exactement l'esprit d'ADRASTE ?

Brut, froid et belliqueux

Qui est ADRASTE ? Quels sont les membres ? Et votre moyenne d'âge ?

Adraste est composé de Lugos à la basse, de Sukellos à la batterie, de Féa aux chants et guitare. Nous avons entre 26 et 33 ans.

Qu'est-ce que ne fera jamais ADRASTE ?

De la politique et du métal tsoin-tsoin !

Je n'ai jamais lu d'interview d'ADRASTE. Pourquoi m'avoir dit oui ?

Tout simplement parce que nous n’en n’avons pas eu l’occasion jusque ici ! C’est donc tout naturellement que nous avons le plaisir et l’honneur de répondre à ta sollicitation, et ce d’autant plus que parcourant ton webzine avec grand intérêt depuis quelques années. Entretiens qui ont le mérite de fouiller profondément dans la philosophie des groupes, ce qui change de certains magazines grand public qui se contentent, hélas trop souvent, de survoler les choses par le biais de questions insipides. Sans parler de ton travail colossal sur l’Anthologie du Black Metal !

Les derniers mots sont à vous ! Merci ADRASTE d'avoir accepté cette interview pour La Voix des Ombres !

Un arbre ne peut s’élever haut vers le ciel que s’il a des racines profondément ancrées en terre ! Merci à toi de nous avoir ouvert la voie des ombres et de nous avoir permis d’exprimer notre vision. Bon courage pour la suite et à bientôt sur scène !

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