PREUVE SPECTRALE - Le 13 Septembre

Le 13 Septembre et Preuve Spectrale m'étaient inconnus jusqu'il y a peu, mais j'ai vite été emballé par l'écoute. Néanmoins, musicalement, il ne sera pas facile d'analyser la bête. Il serait faux de penser que Preuve Spectrale (aka Jxshua) est pauvre musicalement, alors qu'il est riche émotivement parlant, et délibérément minimaliste. Comme je l'ai souvent dis, ce n'est pas parce que musicalement cela semble simple, que cela est facile à créer. Ou encore : ce n'est pas parce qu'une oeuvre est techniquement complexe que la musique est bonne. Enfin, il n'est pas facile non plus d'épurer une oeuvre pleine de détails pour n'en garder que l'essentiel et toucher au but...

Tout cela pour vous dire que Le 13 Septembre, si elle semble être une oeuvre musicalement simple, ce n'en est pas le cas à mon avis. Elle est riche du point de vue des atmosphères angoissantes, très alourdies de basses macabres et morbides, l'ensemble étant parcouru de voix spectrales venues d'un plan parallèle au notre et le tout soutenu par une rythmique basique et mid-tempo qui pénètre profondément l'esprit. Les riffs de guitares (dont les sonorités rappellent parfois celles de Tenebrae in Perpetuum et Elysian Blaze) sont efficaces et hantent l'esprit comme jamais... Et que dire des ambiances ? Elles sont collantes, poisseuses, mortelles. On se croirait dans un cauchemar de Lovecraft ! Avec ces basses et infra-basses si lourdes, ces guitares vombrissantes, cette boite-à-rythme martelante, on pensera évidemment à ces monstres de Von, Anu, Demoncy et compagnie, mais un pont peut également être jeté du côté du necro-death/doom. Preuve Spectrale fait ainsi la preuve entière de son identité unique et singulière ! J'espère donc que le spectre qui mène cette barque sur le Styx continuera dans cette voie !

Le 13 Septembre se compose de 13 pistes vraiment excellentes, et il est dur d'en sortir une au dessus de la masse mortifère qu'elles forment. Dévoilons-en quelques-unes ! Le disque s'ouvre sur Saison Méchante, un titre asphyxiant, lourd (les basses ronronnent méchamment d'emblée), avec un tempo funèbre et des chuchotements fantomatiques : c'est tout bonnement excellent. L'atmosphère générale est si pesante, si mortifère ! Quel délice macabre...Les 2/3 passés, le tempo s'accèlère brutalement et une tension malsaine secoue l'esprit. C'est d'une qualité certaine. Si des lecteurs connaissent le jeu de rôle papier Wraith : the Oblivion de White Wolf Editions, ils s'y retrouveront. Faucille de Lune montre un visage plus démoniaque et malsain, avec un tempo plus soutenu. Puis suit Vous Maudissent qui débute par unn gimmick au piano, toujours macabre, avant d'être repris à la guitare, renforcé par des basses monstrueuses et des cris de spectres, avec un tempo qui monte petit à petit : cette track tue !!! Elle est la meilleure du disque et montre toute l'étendue du savoir-faire de son auteur. Froide Lumière Noire est construite sur un tempo funèbre et est traversée de larsens maladifs... L'envoutement créé par les chuchotements fait son effet... On passe ensuite quelques pistes (dont la terrible A l'enfer et au paradis, qui rappelle Von), et les reprises de Buzzov*en, Cindirella et Samhain, avant de terminer sur deux morceaux, dont la dernière est la title-track, toute en tension extrême, avec des basses fabuleuses et jouissives et une putain d'atmosphère renvoyant au black metal underground des années 90.

Le 13 Septembre est à plus d'un titre un opus envoûtant, effrayant et maléfique. Il est hermétique et pas facile d'accès – il serait trompeur de penser l'inverse, et il nécessitera plusieurs écoutes avant de le comprendre. Unique et riche.