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LA VOIX DES OMBRES
26 juillet 2012

NIR'um'TUK - Revering the New Chaos (2012)

nir um tuk cover

 

Un nom comme Nir'um'Tuk ne pouvait que m'intriguer et me donner envie d'écouter. Nir'um'Tuk me fait penser à la mythologie sumérienne et quand l'homme-pieuvre qui en est l'auteur m'annonce qu'il pratique un black/thrash mélodique... je pense alors à Absu et là, je me dis « pourquoi pas ! ». Nir'um'Tuk est aussi ce style de nom qui peut vous porter malheur : s'il n'est pas cohérent musicalement avec l'image qu'il évoque quand on le lit et prononce... Un peu comme un groupe de black qui s'appellerait Anal Putrefaction : tout le monde s'attend à écouter du Grind non ? C'est pareil ici. En fin de compte, Nir'um'Tuk n'a rien avoir avec tout ça (sauf musicalement) huhu. Mais... Mais la première écoute m'a rebuté direct. Pourquoi ?

Tout d'abord le premier défaut de cette démo/MCD auto-produite : les vocaux. Sous-produits et vraiment pas bons. Ils manquent de modulations, d'accroches, de haine, de profondeur. Je ne pense pas qu'il faille en rajouter afin de ne pas accabler Yoann : ce n'est pas un manque d'investissement de sa part, mais de techniques vocales comme d'enregistrement. La Voix est un instrument à part entière. Nir'um'Tuk doit absolument faire appel à un hurleur expérimenté. Vu le niveau des compositions, cet aspect rabaisse l'ensemble subitement.

Ensuite l'autre défaut, qui est en fait une qualité ! Revering the New Chaos est complètement rétro en ce qui concerne le style joué et la production. On est typiquement dans les productions norvégiennes de black mélodique, et anglaises pour l'apport des plages de synthés, avec une bonne influence du style coloré thrash venu d'Absu. Un cocktail complètement rétrograde, donc traditionaliste, ce qui peut être vu comme un atout ou un défaut selon les sensibilités. Mais c'est si bien exécuté et enregistré (on s'y croit vraiment) que Nir'um'Tuk ne peut que plaire à un nostalgique des années 90-95 comme moi (j'aime beaucoup les années 2000 également !). La prod et le style sont donc à garder absolument – sauf si envie de changer de lige directrice ! La production est donc bonne (mais bon, j'ai tellement écouté de black dans ma vie que mes oreilles sont habituées) et est poussiéreuse à souhait, laissant grésiller les cordes juste ce qu'il faut.

Faisons le tour des 5 pistes du mini-cd Revering the New Chaos épais de 24 minutes. Nothing but Screams commence d'entrée par des riffs thrash qui ne présagent pas vraiment de la suite. Il faut donc passer outre. Les synthés spectraux instillent rapidement le doute, tandis que les vocaux n'aident pas vraiment à se mettre dans le bain : mais le break intervient rapidement, la plongée dans les ténèbres se fait plus intense, les ambiances typiquement black s'instaurent (avec une basse qui claque un peu : à l'avenir je pense qu'il serait judicieux qu'elle le fasse plus) : c'est ainsi que l'on entre dans cet univers. Ce titre sonne même carrément typique du black français de l'UG d'il y a 10 ans. On appréciera les coups de timbales symphoniques qui rappellent le baroque barbare de Celtic Frost... For I Am the Hunter, avec ses synthés de glace sur fond de blast-beats et murs de guitares, font immédiatement penser aux premiers opus norvégiens des années 2000 : ici, Nir'um'Tuk brosse un paysage très noir et en tension tout à fait excellent. C'est un vrai retour en arrière de 15 années. Ce titre est très bon. Revering the New Chaos aurait du commencer par celui-là ! On relèvera comme tout est impeccablement joué. Les sentiments sont très sombres. Les influences se ressentent mais c'est vraiment très bon. Pour une fois, les vocaux ne dépareillent pas. Un excellent morceau ! On enchaîne de suite sur ...and They're the Prey. Lui aussi est dans le style de la track précédent : celui où Nir'um'Tuk excelle donc. Darker than Night ouvre sur quelques notes dissonantes bien senties et malsaines : le tempo est ici plus lourd. Et il y a une « surprise à la Pensées Nocturnes » en plein milieu ! La seconde moitié est plus violente. Puis le disque se clôt sur In Chaos I'll Be Reborn : les synthés gothiques, glaciaux, baroques (vraiment bons, c'est rarissime que j'accroche à des parties de synthés) et les tambours de guerre ouvrent très bien le bal, avant... que le massacre ne commence ! C'est là le « retour vers le futur » le plus évident de Nir'um'Tuk. Cette piste est plus segmentée, les plans s'emboitent entre eux avec efficacité et les ambiances varient : c'est un très bon titre sans être le meilleur. Les extrémités de cet opus ne sont donc pas les meilleurs morceaux.

Revering the New Chaos est un excellent opus traditionaliste, jouant sur la vague « symphonique » et occulte des opus norvégiens des années 93-96. Il en faut peu désormais pour que Nir'um'Tuk se taille la part du lion : en fait, la mode rétro semble la bienvenue dans le black depuis quelques années ! Nir'um'Tum pourrait s'inspirer de Grifteskymfning (tome 2 de mon anthologie du black metal) ! L'aspect boueux, noirâtre et occulte pourrait être amplement renforcé avec une basse plus graisseuse et présente encore, et de meilleures vocaux... Pour le reste (et les quelques insertions de Thrash pas très utiles), le perfectionnisme et l'excellente inspiration de Yoann feront très bien l'affaire ! Nir'um'Tuk est à soutenir absolument !

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