Faire quelque chose de personnel et d'investi... Un Metal extrême qui piocherait dans le « meilleur », le grandiloquent du Black gothique et théâtral, et du Death Metal mélodique, voilà semble-t-il l'ambition de Nocturn Deambulation, formation du Pays de la Loire fondée en 2007. Ainsi, l'auditeur qui connait les productions scandinaves des années 1995 à 2000, sera-t-il surpris de se voir ramener dans ces années-là à l'écoute de The Grand Opening, premier full-length du groupe.

Mélodique, dramatique, baroque, quelque peu alambiqué, Nocturn Deambulation a tout des caractéristiques fondamentales de ces formations suédoises et finlandaises de la période d'or du Black/Gothic Metal d'alors, aux lourdes effluves gothiques, vampiriques et fantastiques – qui cherchent à subjuguer avant tout, notamment en conférant un aspect précieux et soigné à leurs oeuvres – et cela au travers d'une exécution et d'une production très claire, très professionnelle. On pensera ainsi, par exemple mais pas que, à Arcturus, Cradle of Filth, Summoning et Enslaved.

Mais de l'essence noire du Black d'origine on n'en retiendra que peu également, sauf certains schémas formels et structurants, ainsi que les riffs, quand ils ne virevoltent pas ou ne matraquent pas. Car ici le Death mélodique y a une présence évidente. De plus, la surimpression de l'univers XIXème des graphisme et thème lyrique reposant sur le monde du cirque et son côté grotesque et absurde (rappelant les bons bouquins de Nancy Collins !), celle-ci pèse de tout son poids dans ce disque qui manque finalement de ne pas aller assez loin dans son audace esthétique : The Grand Opening aurait pu être bien plus fou. Les divers apports d'instruments « classiques » (piano et clavecin surtout, mais aussi « nappes de violons » et autres fééries) feront inévitablement penser au parisien Pensées Nocturnes ! Mais Nocturn Deambulation ne joue pas dans le même registre.

Par ailleurs, si les qualités de The Grand Opening sont apparentes, il y a des choses à regretter et qu'il faut souligner : la batterie trop, bien trop clinique (je me suis souvent demandé si ça n'était pas là une boite à rythme) : un aspect plus naturel ou charnel aurait donné plus de personnalité à l'ensemble; la maîtrise des différentes voix, y compris féminines – aucune ne s'assume assez, les retenues sont trop fortes; et surtout, surtout l'absence d'extrêmes : nous ne sommes ici ni dans la démence pure, ni dans l'horreur, ni dans les ténèbres opaques, ni dans les feux de l'enfer de la mitraille ou des entrailles... En effet, l'on n'est guère pris de malaise ou de mal-être à l'écoute de cet opus, et le fait de ne pas être dérangé constamment dérange constamment. D'autant que cela est surligné par la production, qui n'a pour but que la mise en valeur des technicités, des structures, des détails – et non des ambiances. Ainsi, à trop chercher la séduction du plus grand nombre, la volonté de dessiner une identité affirmée se dilue-t-elle dans la mise à nu des influences évidentes. Enfin, nombre d'éléments de The Grand Opening sont un coup de rétro inévitable sur les quinze années précédentes, bien déflorées par les Scandinaves – est-ce voulu ou non par Nocturn Deambulation, en tous cas c'est bel et bien là et pour les vieux routards de mon genre, il n'y a guère de surprise dans une telle galette.

Pour conclure : Nocturn Deambulation a le potentiel (de composition; d'exécution; de production; et graphique !) pour s'imposer, mais son ambition lui fait louper son but très (trop ?) apparent : délimiter une personnalité unique tout en avouant ses influences. Il lui faudra à l'avenir délaisser les personnalités des techniciens pour les fondre en une, unique et en cela réellement audacieuse – sans quoi, ses musiciens ne continueront que de se faire plaisir, et ne feront pas de musique – mais uniquement, des enchainements de notes... Le teaser annonçant The Grand Opening titillait mon esprit, mais l'album ne supporte pas la chirurgie critique, et je préfère être honnête avec ce jeune groupe. Bonne continuation à lui !

NOCTURN DEAMBULATION - The Grand Opening

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