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LA VOIX DES OMBRES
6 mai 2009

PENSEES NOCTURNES - Vacuum

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La ville n'est jamais calme. On espérerait qu'à la nuit tombée, les rues soient désertées – que le flot des gens et des voitures, que les innombrables sons et cette pollution innommable s'arrêtent pour de bon. Mais en réalité, non : la vie humaine ne s'arrête pas simplement parce que la terre passe du jour à la nuit... Et le béton, les sons, les gens – surtout ceux qui vivent la nuit, bêtement – sont encore et toujours là... La « campagne » offre elle déjà plus de calme. Mais même elle pas le calme plat... Comment aimer la ville ? Ces murs de bétons, ces rubans de bitume et toute cette agitation ? Comment goûter à cette lieux inhumains ?

A priori, me connaissant, c'était loin d'être gagné pour que j'apprécie ce disque de Black Metal aux tendances dépressives. J'avais peur du « symphonique » qui se marie bien souvent très mal avec le Black Metal et le dénature profondément... Mais ici... Vaerohn fait bien les choses et comme il le dit, il n'utilise ses instruments classique que pour leur donner une forme de « musique classique » - on n'est loin du génie d'un Mozart ou d'un Debussy, mais quand même : le bougre s'en sort super bien. Il connait la musique et c'est pour ça que c'est si bien réussit. Si bien réussit ? Oui, il y aura toujours deux ou trois péquenots pour dire que « ceci n'est pas assez » ou « ceci est trop » ou que sais-je encore... Il y aura toujours des pleurnichards et des gens pour se plaindre, alors qu'ils ne savent pas faire le quart de ce qu'ils écoutent. Là où je veux en venir, c'est que Vaerohn dans ses PENSEES NOCTURNES a trouvé le mélange idéal des deux genres : le Black Metal est par essence simple musicalement et riche en émotions. Vaerohn poursuit de même avec ses instruments classiques. Techniquement, Vaerohn maîtrise et pas besoin d'en faire des tonnes, car l'émotion et les sentiments développés sont puissants.

A vrai dire, PENSEES NOCTURNES ne fait pas dans la musique classique, il use des outils classiques pour recréer des atmosphères mélancoliques dignes d'un XIXème siècle. Ses interventions me font plutôt penser à des films gothiques, comme Entretien avec un Vampire, et l'artwork – magnifique – va également dans ce sens selon moi. Bref, Vaerohn s'en sort vraiment bien, car tout cela s'imbrique à la perfection... Les alternances Classique/Black Metal se font naturellement, et l'homme passe d'un instrument à l'autre avec intelligence, avec sensibilité : il s'en sort aussi bien avec les uns qu'avec les autres. Tout en gardant une grande cohérence et aidé par une production elle aussi... magnifique.

Dans les constructions, Vacuum propose un Black Metal charpenté et efficace. On ressent la rigueur de la pensée du géniteur tout en apportant une sincérité profonde et une approche clinique du son. Cela rappèlera pas mal de productions québécoises, spécialistes du style. Les six pistes (une heure de musique, vous en aurez pour votre argent) forment un bloc solide, et ça n'aurait fait qu'une piste que cela n'aurait pas changé grand chose à l'affaire. Seul le Coups de Blues fait un peu tâche. Son surprenant passage de Blues/Jazz, sur fond d'orage est inattendu et bien qu'il soit agréable, il me semble inapproprié dans ce Vacuum. Mais bon, j'en rajoute pour faire un peu chier le monde car en vérité, j'ai rien à lui reprocher à ce disque...

Enfin, niveau émotion, le contraste est pour moi est évident : l'appel aux instruments classiques ne renvoient absolument pas aux machines industriels de la vie urbaine/industrielle contemporaine... il y a erreur de discours de la part de Vaerohn, qui aurait mieux s'il voulait vraiment évoquer la folie d'une cité bétonnée sans jour ni nuit, tailladée par la vitesse et étouffée par la pollution. Je me sens nettement plus immergé dans le romantisme décadent d'un Paris ou d'une Londres d'il y a deux siècles que dans celle-ci à notre époque – pour ressentir cela, j'écouterais plutôt DIAPSIQUIR...

En somme, Vaerohn nous dévoile au travers de ses PENSEES NOCTURNES un opus magistral. Je ne suis pas sûr qu'il renouvelle le genre, mais au moins, il l'aère sensiblement avec son Vacuum. Ce qui est certain par contre, c'est que c'est une réussite du côté de l'artiste, mais aussi pour les Les Acteurs de l'Ombre côté productions- reste aux lecteurs à bien vouloir plonger dans cet univers de désespoir. Les PENSEES NOCTURNES de Vaerohn sont délicieuses, chargées de poussières et de cendres. Et vous... quelles sont vos pensées nocturnes ?

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