WITHDRAWN - Déterminé, Puissant, Accrocheur

WITHDRAWN, born to desecrate ! WITHDRAWN de la région bordelaise vient de sortir un petit frère à Zos Kia Kultus de BEHEMOTH. Une sortie qui va marquer, je crois, pas mal d'esprit et d'oreilles assoiffées de metal extrême mariant Black et Death, un style qui vous enverra acheter au sortir des concerts des minerves... Et oui, WITHDRAWN participe à la relance, à sa manière ! Christophe répond à mes questions... (avril 09).

Bienvenue en Enfer WITHDRAWN ! La bière est dans vos mains j'espère !? Je vous ai préparé des questions biscornues, car vous me posez réflexion et comme je suis très curieux...  Bref : début avril sort chez Another Sphere Records votre premier long format, Skulls of the Weak. Qu'attendez-vous de l'impact de celui-ci auprès du public ? Et dans le monde du metal extrême ? Vous avez déjà reçu des retours plus qu'encourageant il me semble non ?

Salut ! Le premier album sort début avril après de nombreuses années d’efforts et de galères sur Another Sphere Records. On mise sur ce premier opus long format pour acquérir une renommée nationale et motiver ceux qui nous connaîtraient pas encore à venir nous découvrir en concert car c’est là que WITHDRAWN prend toute son ampleur, plus que sur cd. On a de bonnes raisons de croire que ce cd va nous permettre de nous hisser au niveau des BENIGHTED et autre KRONOS  même si le genre de métal extrême que l’on propose est assez différent de celui de nos compatriotes. Et je pense que nous avons tout à fait notre place dans le monde du métal extrême en tant que groupe « catchy ». Les retours sont déjà bons, nous n’avons que des compliments notamment sur notre production qui était LE point faible de nos précédentes productions. Les réactions, notamment sur Vs-Webzine sur lequel nous avons été « Hero of the day » et qui nous a intégré dans sa vs-Selection, ont été très positives. Les gens qui nous connaissaient depuis quelques mois voire quelques années ont apprécié l’album encore bien plus que les démos précédentes.

En lisant les quelques lignes du livret promo, vous faites rapidement comprendre que les formations françaises manquent d'ambition et sont plongées dans la léthargie... Vous en êtes certains ? Y'a quand même pas mal de groupes bien violents, voire agressifs en France et ils sont souvent... ambitieux – par exemple, vos voisins d'OTARGOS. Je ne dis pas que vous avez tort – ni raison – mais d'une : pourquoi ça vous fait chier ? Et deux, pourquoi avez-vous besoin d'ambition ? Vous pourriez faire de la musique pour faire de la musique, et rester dans l'underground par exemple. La simple détermination ne suffit pas ?

Bien sûr qu’il y a quelques groupes qui se bougent, et nos voisins d'OTARGOS en sont une bonne preuve, mon batteur a d’ailleurs fait pas mal de concerts avec eux en tant que membre session et il a pu constater qu’ils se bougeaient bien. D’autres groupes sont dans le même cas, mais ça concerne une infime partie de la scène française. Et malheureusement, peu d’entre eux ont selon moi les capacités et le sérieux nécessaires pour franchir le cap de l’international. A côté de cela, beaucoup de groupes manquent cruellement de sérieux et d’implication, ce qui fait qu’on se retrouve parfois dans des plans semi-foireux en partageant une date avec eux. Après il y a de tout : des groupes au potentiel énorme mais qui ne croient pas en leur musique et qui sont persuadés que jamais ça ne marchera pour eux, de l’auto-sabotage si je puis dire et un énorme gâchis. Puis de nombreux groupes qui rêveraient d’être mondialement connus mais qui rechignent à sortir quelques sous pour enregistrer une démo valable. Pour nous, la musique est toute notre vie. Il n’y a rien de plus important que cela et nous voulons passer notre temps, notre énergie et notre vie à faire uniquement cela : écrire, composer, jouer, rencontrer des gens aux quatre coins de la planète, et ça, sans ambition ni une grande détermination, c’est impossible. Si ça ne marche pas, je continuerai à faire de la musique pépère chez moi. Mais à l’heure actuelle j’ai beaucoup trop d’énergie et je ne suis pas encore assez blasé pour me contenter de cela.

Vous devez vous prouver des choses, ou en prouver aux auditeurs/spectateurs en fin de compte ?

Je crois qu’on n’a rien à prouver à personne quand on compose. J’ai passé le délire de faire du technique pour impressionner les gens, d’aller le plus vite possible pour faire halluciner les apprentis-batteurs… Je veux juste écrire la musique qui me vient et surtout l’arranger du mieux possible et de la façon la plus efficace possible. Ecrire de bonnes chansons métal, enfin, selon ma définition personnelle de ce que j’entends par « bonne chanson ». Je veux juste réussir à concrétiser,  en terme de sons acoustiques, la musique qui me vient et à approfondir mon art. Sur scène c’est autre chose encore. Nous voulons démontrer que malgré nos quelques mélodies nous ne faisons pas dans la dentelle et communiquer notre énergie au public. Quand le public réagit positivement et se bouge à tes concerts, entre son énergie et la tienne il se crée une sorte d’osmose que tu ne retrouve presque jamais dans la vie de tous les jours. Il y a une sorte de communion que je souhaite à tous de pouvoir ressentir un jour.

Bon vous évoluez dans un style mariant Black et Death ça c'est acquis. Dans le livret promo, vous dites également vouloir créer une musique « toujours plus efficace évoquant, puissance, noirceur et parfois même tristesse » : de fait, je situe mal votre prise de position, si je puis dire. Pour vous, « peu importe ce qu'on joue, du moment que c'est efficace, noir, etc » ? Ou bien vous saviez d'entrée que WITHDRAWN vous conduirait vers le Black/Death tel que vous le faites dans Skulls of the Weak ? De fait, avez-vous peur d'être catalogués comme des suiveurs de BEHEMOTH et compagnie – ces machines de guerre croisant Black et Death pour un résultat hyper-violent ?

Nous avons déjà été rapproché à des groupes comme BEHEMOTH ou HATE ETERNAL pour le côté brutal et rapide mais ce n’est pas le but premier. Nous cherchons surtout à évoquer des sentiments tels que la colère ou la tristesse à travers nos mélodies. A l’heure actuelle nous ne savons le faire qu’à travers la violence et la vitesse mais nous ne stagnerons pas car nous savons que nous avons encore tellement à découvrir et à apprendre en ce qui concerne l’expression des sentiments et la manière de les faire ressentir aux auditeurs. Après il reste indéniable que l’efficacité et la violence sont des moyens d’expression que nous apprécions car ils libèrent une énergie très forte. Nous écoutons d’autres styles de musique qui n’ont rien à voir avec le métal mais il est vrai qu’il n’y a que dans ce style qu’on retrouve une énergie et une passion aussi intenses.

Que pouvez-vous nous dire sur ces Crânes des Faibles, Skulls of the Weak ? Qui l'appréciera à votre avis ?

La philosophie de ce « Skulls of the Weak » pourra être appréciée de tout le monde et de personne à la fois. Celui ou celle qui sera suffisamment réceptif et ouvert et prêt à se remettre en question et à évoluer y trouvera son compte. Celui ou celle qui ne lit jamais les paroles des groupes ou qui reste persuadé qu’il est toujours dans le vrai et que c’est le reste du monde qui est forcèment contre lui passera à côté d’une importante partie de l’album. Chacun a sa vérité, mais il ne faut pas la voir comme inaltérable et inattaquable. Ce « Skulls of the weak » peut être un bon appui pour évoluer dans sa vie personnelle.

Y'a des choses que vous aimeriez encore modifier quand vous réécoutez votre LP ?

Pas spécialement. Quelques arrangements par ci par là mais rien d’énorme. Ces titres correspondent à une période de notre vie musicale que nous sommes en train de franchir et que nous avions déjà commencé à franchir au moment de l’enregistrement. Je sais que dans quelques mois ou une année nous trouverons cette œuvre pleine d’erreurs et immature ce qui prouvera notre évolution et nous hissera vers plus de maturité. Mais à l’heure actuelle ce LP est assez représentatif de la façon dont nous envisagions la musique quand nous avons composé les morceaux et le résultat est là.

Y'a-t-il quelque chose de l'ordre du spirituel ou du religieux qui vous guide et vous pousse à avancer ? Ou alors simplement, « Born to Lose, Live to Win » ?

L’envie d’être toujours meilleur tant physiquement que psychologiquement. Concrétiser dans le monde réel et palpable une volonté intérieure qui nous anime. L’envie d’accomplir nos rêves tout simplement et de marcher dans les pas des grands groupes qui nous ont fait découvrir cette musique. Personnellement je considère que l’art est la forme qui fait le mieux ressentir la vie et que s’exprimer, à travers l’art notamment, est une des choses les plus essentielles en ce bas monde. Tant que j’aurai quelque chose à dire je continuerai d’aller de l’avant pour me faire entendre.

Que trouve-t-on sur le cv de WITHDRAWN ? Quelle est l'histoire du groupe ? Quel est le line-up actuel ?

Les frères Helwin sont à l’origine du groupe qu’ils ont formé après le split de leur premier groupe nommé CHAOS DAWN en 2002. Après avoir eu deux guitaristes avec lesquels nous avons enregistré nos deux démos et fait pas mal de concerts notamment avec TEXTURES, DESTINITY, GOROD, OFFENDING, ASMODEE, OTARGOS, etc… nous avons enregistré l’album que tu as écouté. A l’heure actuelle, Thierry « Jamyz » Castel et Gropoil d’OFFENDING nous dépannent aux guitares en concert en tant que membres session. Nous restons les seuls aux manettes et prenons à notre charge le démarchage, la promotion, le côté financier, la logistique, etc… Nous consultons régulièrement Jamyz sur plusieurs points musicaux ou autres mais la décision finale nous appartient. C’est la seule manière que nous avons trouvé actuellement pour garantir que la machine WITHDRAWN avance continuellement.

Apparemment, la colère, la fureur et la haine peut-être vous ont inspiré pour Skulls of the Weak : dans quel état d'esprit étiez-vous pendant sa composition ? Combien de temps vous a-t-elle pris ?

Si tu compte les titres « Dethrone » issu de la démo « This is not therapy » en 2005 et « Chosen Translation » issu de « Tear V .2.0. » en 2006, la composition de l’album s’est étalée sur environ 4 ans. Les six titres inédits ont été composés en un peu moins d’un an et demi. Inutile de dire qu’à travers ces quatre années d’écriture nous avons connu de nombreuses situations plus ou moins désagréables, vécues des expériences difficiles mais riches en enseignement et emmagasiné par mal de colère et de tristesse. Il est de toute façon difficile, voire impossible, de rester plein de bons sentiments mielleux quand tu grandis et que tu fais tes expériences en rencontrant beaucoup de gens différents. A moins d’être hypocrite et de se cacher la vérité. Nous n’étions pas plus en colère que cela durant la composition de l’album… du moins pas plus qu’une personne lambda. Le fait d’avoir fait pas mal de dates galères et d’être passés par de longues années de recherche de guitaristes nous a peut-être plus confronté à la colère et à la frustration que ne l’est une personne qui reste chez elle à ne rien faire. Mais le sentiment prédominant au moment de la composition était surtout enthousiasmant : nous étions très motivés et confiants en voyant les morceaux se construire petit à petit. C’était autre chose pendant l’enregistrement par contre mais c’est une autre histoire.

Comment se conçoit une piste de WITHDRAWN ? L'écriture se fait ensemble, ou l'un de vous deux ramène les structures, etc ?

Souvent l’un de nous deux amène un début de morceau déjà bien agencé et nous déterminons ensemble ce qui pourrait être utiliser comme un couplet, un refrain ou un break. Nous arrangeons les riffs ensemble et travaillons les enchaînements pour les rendre intéressants et explosifs. Dernièrement nous avons composé bien plus ensemble en partant sur un seul riff écrit par l’un ou l’autre.

WITHDRAWN est bien proche musicalement parlant de DISKARIAL... Ca n'aurait pu faire qu'un seul groupe ! Quelles sont les différences entre vos deux projets ? Les approches sont-elles différentes ?

L’unique compositeur et interprète de DISKARIAL est mon batteur qui compose beaucoup aussi pour WITHDRAWN donc il y a des similitudes mais le fait que j’apporte ma contribution change le visage de WITHDRAWN par rapport à celui de DISKARIAL qui est plus Black, plus rapide, plus mélodique aussi. DISKARIAL exprime plus de tristesse et WITHDRAWN plus de colère. Julien, mon batteur, n’est pas dans une même optique quand il écrit pour l’un ou l’autre des deux groupes. Il est vrai que certains morceaux de son one-man-band comme « Process of elimination », qui est assez court et intense, auraient pu figurer sur « Skulls of the weak », mais de façon générale, les titres de DISKARIAL sont plus longs et bien plus emprunts d’une teinte Black mélodique qu’on retrouve chez IMMORTAL par exemple. WITHDRAWN se rapprocherait plus de MORBID ANGEL si je devais faire une comparaison.

Peut-on en savoir plus sur le deal avec le label ?

Nous devons ce deal à Théo avec qui j’étais entré en contact pour une histoire de souscription. Il avait ensuite écouté la pré-prod de notre titre « Gemini Distance » et s’était montré intéressé pour écouter l’album. Son collègue Philippe apprécie le groupe et nous a placé sur la date avec DESTINITY et MINUS HUMAN à Bordeaux pour nous rencontrer et vérifier qu’en concert WITHDRAWN explosait tout. Le deal est valable uniquement pour cet album. Nous essaierons de nous propulser vers de plus hautes sphères pour le deuxième opus. En tout cas, le soutien apporté par Another Sphere Records est réel et leur implication est bien là.

Et sur les textes : que racontent-ils ?

Les textes traitent essentiellement du surhomme. Sa création, comment chacun peut le découvrir en soi, quelles finalités, etc… Les textes peuvent partir d’un constat semblant négatif mais la leçon à  en tirer est toujours positive. Je me suis attaché à ce que chaque texte puisse être un appui ou une lumière explicative pour celui ou celle qui le lirait et aurait besoin d’aide. Je ne suis pas psychologue, mais je pense aujourd’hui avoir trouvé ma voie. J’essaie dès lors d’indiquer à ceux qui se cherchent encore de modestes moyens d’y parvenir. Je pense que l’essentiel est d’avoir confiance en soi et de parvenir à faire abstraction de tout ce qui est inutile dans la vie pour enfin trouver le vrai sens de sa vie.

Pouvez-vous nous toucher deux mots de la phase enregistrement de Skulls of the Weak ? Comment et où s'est-elle déroulée ? C'est qui qui a mis la main à la poche d'ailleurs ? Vous avez connu des pépins, ou tout a été comme sur des roulettes ?

Julien a mis en boîte la batterie en 4 jours avec Raphaël Henry dans une maison lugubre en Charente Maritime et est parti dès le lendemain à Angers avec les pistes batterie sous le bras pour enregistrer toutes les guitares en 3 jours au Dome Studio de LYZANXIA. Peu de temps après je suis allé poser la basse et j’ai fait 3 jours de chant pour compléter le tout. David Potvin a été aux petits soins avec nous et nous a donné de très bons conseils. Son expérience au sein de LYZANXIA, ONE WAY MIRROR et PHAZE I a été un plus non négligeable. L’album a été enregistré, mixé et masterisé entre Août et Octobre 2008. Les frères Helwin ont financé l’album, mais nous n’oublions pas les souscripteurs qui nous avaient pré-commandé l’album à l’avance et qui nous ont donc concrètement aidé à réaliser cette œuvre. Mais cette période a aussi été le moment de constater que l’argent pouvait poser de sérieux problèmes entre les gens, chose que nous savions déjà par expérience mais qui s’est renouvelée à un moment où il ne fallait surtout pas qu’elle se renouvelle.

La cover est assez énigmatique... On voit une sorte de terrain vague de banlieue, dans la neige, et dans le fond, la ville technocrate... Mais surtout, si on regarde bien, on voit une masse de silhouettes d'hommes fuyant dans un sens ou dans l'autre : ça ne viendrait pas du film « Le Jour d'Après » ? Quel sens donnez-vous à cette pochette ?

La pochette ne provient ou n’est inspirée d’aucun film particulier. Les silhouettes sont les fameux « Weak » se dirigeant vers la ville moderne et néfaste sans savoir qu’ils vont être broyés jusqu’à l’os. Le sens est simple : suivre la masse conduit à l’annihilation de soi et de sa personnalité, et bien sûr du surhomme essentiel pour réaliser sa vie et ses rêves. La vraie vie n’est pas dans le chemin principal et dans les apparences flatteuses. Ce chemin conduit à l’existence seulement. La vie et l’expression de la vie se situent dans les chemins sinueux, à part, que chacun se construit loin de la ligne directrice imposée.

Quel est le socle musical de WITHDRAWN ? Quels sont les groupes ou les albums qui ont contribué à définir l'identité de WITHDRAWN ?

Comme tu le disais précédemment, il est indéniable que les styles Black et Death sont les principaux fondements du son WITHDRAWN. Même des styles proches comme le Thrash ou le HxC n’ont pas autant d’influences sur nous. Un groupe comme BEHEMOTH qui marie Black et Death de façon « catchy » et imparable est une de nos plus grandes influences. Si on remonte un peu on trouvera des groupes qui nous ont fait découvrir le métal comme METALLICA, FEAR FACTORY, DEFTONES, etc… Notre premier choc commun a été IN FLAMES qui mélangeait mélodie et agressivité sur leur « Pinball Map ». C’est véritablement ce groupe qui nous a poussé à écrire de la musique. Mais les groupes et albums qui nous rassemblent le plus doivent être des classiques comme « Heartwork » de CARCASS, « Symbolic » de DEATH, « Thelema 6 » de BEHEMOTH, « Domination » de MORBID ANGEL, « IX Equilibrium » d'EMPEROR, « I, Monarch » d’HATE ETERNAL, etc…

Apparemment la scène semble importante pour les HELWIN héhé! Elle semble vraiment le lieu de manifestation idéal pour vous décharger de toutes ces frustrations ! Qu'est-ce que ça vous procure de passer sur les planches ? En avez-vous soif, du genre « On remet ça et vite ! » ?

Le métal à écouter chez soi à fond c’est sympa mais les groupes ne rendent pas souvent la même intensité en concert. Nous ça serait plutôt l’inverse. On ne rend pas encore à l’identique l’intensité de nos lives sur CD. Nous sommes dernièrement passés sur les planches de la Rock School Barbey à Bordeaux et jouer devant plusieurs centaines de personnes réceptives est tout simplement excellent. Tu joue tes morceaux, check des mains, trippe avec des gens réceptifs, libère une énergie communicative… c’est parfois tellement loin de la vie courante que tu te demande si tu n’as pas changé de dimension. Il arrive parfois que certains concerts soient un bide pour raison X ou Y mais nous sommes toujours motivés pour nous bouger et nous communiquer notre énergie respective entre musiciens du même groupe. Si la salle ne répond pas, l’alchimie entre musiciens sur scène qui créent un ensemble demeure.

Je vous imagine passer vos journées à 200 à l'heure huhu... En quoi consiste une journée pour les frères Helwin ? Vos journées – et la vie, même – sont-elles toujours trop courtes pour vous ? Grillez-vous la chandelle par les deux bouts ? L'univers est-il assez grand pour les frères Helwin ?

Du temps où j’étais étudiant ou chômeur les journées étaient bien trop longues… aujourd’hui elles sont bien trop courtes. Nous avons des emplois qui nous occultent beaucoup de temps et d’énergie. Le soir, nous sommes sur nos instruments à nous entraîner, ou bien nous passons des coups de fil pour poser des dates ou nous répondons à des interviews. A côté de cela, nous assurons nous même la promo des concerts auxquels nous jouons, nous envisageons de futurs achats pour améliorer notre son et le confort du groupe en tournée, etc… Il nous est arrivé plus d’une fois de maudire le fait que les journées ne soient pas de 28 ou 30 heures. Nos emplois sont des emplois « nourriciers » et nous économisons de façon assez drastique pour nous payer un enregistrement dans un studio professionnel ou nous acheter un instrument haut de gamme. L’univers est assez grand pour les frères Helwin oui… actuellement du moins vu notre niveau de notoriété. La scène française pas toujours. Trop peu de bars, de salles, d’associations pour pouvoir jouer et tourner, trop peu de webzines conséquents et efficaces, l’impossibilité de faire de la pub direct par MP sur les forums sous peine d’être radié pour flood, certains webzines qui ne relaient pas les infos ou ne font pas les chroniques malgré les promos reçus, etc…

L'Enfer c'est les autres ? C'est quoi votre définition de l'Enfer ?

Ne pas se rendre compte qu’on suit une mauvaise voie et que l’on passe à côté de la vraie vie. Confondre existence et vie. Mais ce n’est même pas l’Enfer puisqu’il faudrait se rendre compte qu’on est prisonnier de ce système pour sentir que c’est l’Enfer. Celui qui n’est pas conscient de cela continue de vivre sans problème ni frustration, et dans un sens, il vaudrait mieux que cela continue pour lui. « Le paradis appartient aux ignorants » et l’Enfer appartient à ceux qui ont réveillé leur conscience. Pour les éveillés, l’Enfer est constant, puisque tu es toujours assoiffé de connaissance et de découverte pour calmer ta conscience. C’est le paradoxe. Le plaisir de s’éveiller à la vraie vie permet de découvrir de nouvelles choses à l’infini, d’évoluer, de s’améliorer, de changer radicalement sa vie, et là, l’Univers n’est jamais assez grand. En contrepartie, tu réalise combien tu es fini, petit et mortel et combien la vie peut-être futile. Il faut se résigner et ne se concentrer que sur l’essentiel d’une vie et l’atteindre. C’est en cela que le surhomme est nécessaire : pouvoir atteindre le but d’une vie.

Quelles formations WITHDRAWN soutient ?

OFFENDING avec qui on a fait une tournée dans le nord de la France et dont on garde de bons souvenirs. ASMODEE et son Black Death inventif. LYZANXIA dont je suis fan, surtout leur deuxième opus « Mindcrimes ». J’espère que les BREAKDUST réussiront également. Et même si je ne suis pas fan de leur musique, je soutiens et respecte GOJIRA pour leur professionnalisme et le chemin parcouru qui ouvre la voie à tant d’autres.

C'est quoi la suite des évènements pour WITHDRAWN désormais ?

Promouvoir l’album ! et tourner ! tourner ! tourner ! Participer à des festivals en France et en Europe, faire des premières parties pour des gros groupes nationaux ou internationaux. Jeudi 9 Avril nous avons une soirée promo au Lucifer à Bordeaux pour faire écouter l’album. Le 9 Mai, nous participons au Rock X Trem Fest à Montalembert aux côtés de TREPALIUM et NECROPSY notamment. Le 26 Septembre nous avons un festival à Toulouse avec une affiche à compléter encore. Et du 5 au 15 Novembre nous partons en tournée avec les collègues bordelais de WARRATAH. Peut-être un clip aussi mais rien de bien sûr encore.

Vous avez pris de sérieuses baffes en metal ces derniers temps ?

J’écoute de moins en moins de métal ces temps-ci. Mais j’ai bien aimé quelques titres de THE AMENTA avec leur indus froid et extrême, même si les albums ne tiennent pas la longueur. ENSLAVED est vraiment une découverte excellente pour moi. Je connaissais de nom depuis longtemps mais je ne m’étais jamais vraiment penché sur leur musique jusqu’à Ruun : j’aime beaucoup leur feeling et leur façon d’envisager la mélodie. Le dernier SATYRICON a de très bons titres, et le dernier MAYHEM des ambiances hallucinantes. Hors métal j’ai bien aimé Birdy Nam Nam et Pj Harvey.

Que doit-on retenir de WITHDRAWN ?

Un métal extrême puissant et accrocheur joué avec les tripes et par des musiciens à la volonté sans limite. Un groupe mélodique et agressif, qui ne propose pas qu’un mur de son incompréhensible comme beaucoup de groupes extrêmes.

Vous pourriez me donner trois adjectifs qui définissent le mieux la personnalité de WITHDRAWN ?

Déterminé, puissant, accrocheur.

Skulls of the Weak est impressionnant, même si ce genre de metal extrême n'est plus ma tasse de thé, je vous l'avoue. Mais je dois reconnaître votre niveau eheh, facilement « international » ! Bref, bonne route, brisez des nuques et des tympans : les derniers mots sont pour WITHDRAWN ! Merci pour votre passage !

Merci à toi pour ton temps, ton soutien et ton interview vraiment recherchée. J’ai fait peu d’interviews aussi « fouillée » que la tienne et c’était vraiment intéressant de pouvoir s’exprimer en réponse à de telles questions. Pour ceux qui s’imagineraient WITHDRAWN comme un hersatz de Death suédois mélodique moderne, détrompez vous, nous sommes malgré nos mélodies bien plus proches du Death US. La mélodie n’est pas toujours envisageable comme un enchaînement de notes joyeuses ou sautillantes. Quand nous parlons de mélodie cela peut évoquer tristesse, colère ou quelque chose de noir. Venez nous voir en concert pour vous faire une véritable idée de ce qu’est WITHDRAWN. Et pour les intéressés, le CD est disponible sur www.myspace.com/withdrawn1 et sur Another Sphere Records et lors de nos concerts.