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LA VOIX DES OMBRES
4 janvier 2009

P.H.O.B.O.S. Anaedipal CD

P


Très très loin d'un FAUSTCOVEN et pas vraiment proche d'un WEDDING IN HADES, P.H.O.B.O.S., à qui il va m'être difficile de lui donner une étiquette (ce n'est pas mon but – mais c'est vrai que c'est utile pour résumer un style) est plutôt vachement proche d'un BLUT AUS NORD ou du dernier CELTIC FROST, étrangement. Le lecteur devrait donc plutôt être attentif à cette sortie-ci. Pas vraiment Doom, pas vraiment Black Metal non plus, assurément Industriel, P.H.O.B.O.S. manie les genres metalliques avec talent, insufflant à son Anaedipal une spiritualité malsaine certaine, vicieuse, sournoise et occulte... Anaedipal est le second long format conçu par cet homme-orchestre basé dans la capitale, après un Tectonics sorti en 2005 chez Appease Me/Candlelight Records qui avait jeté toute la lumière sur cette formation à la personnalité ô combien singulière. Cette fois-ci, afin de garantir un contrôle total et entier sur son oeuvre, P.H.O.B.O.S. s'auto-produit légalement, via son propre label Megaton Mass Products.

Bon, il va être difficile de résumer tout ce que je peux trouver dans ce dense Anaedipal. De toute façon, ce n'est pas la prétention d'un artiste que l'on puisse résumer son ouvrage à quelques mots. Un tel disque est par nature insaisissable. C'est plutôt le genre d'Oeuvre, d'Opus épais et chargé d'émotions à qui il va falloir prêter de nombreuses écoutes afin d'en saisir l'essence globale sans même en comprendre les motivations profondes, et encore moins, la transcendance vécue par son unique auteur lors de la gestation... Oui, Anaedipal, oeuvre conceptuelle aux textes philosophiques, est Indus, avec un  mid-tempo parfois pachydermique (''Hans & Horses'') et un jeu de guitares/basse comme on peut en trouver dans le Doom, c'est vrai. Mais est-ce si simple ? Je ne le crois pas. Car il y a dans ces riffs, dans ces accords, dans ces jetés de cordes, de la nausée, des rituels, un mal-être maladif évident, des questions et un quelque chose de diabolique et d'inhumain – un quelque chose de trancendant. En cela, Anaedipal est une oeuvre véritablement ensorcelante et agréable à l'écoute. Mais il y a deux gros points noirs qui ne pourront faire d'Anaedipal un chef-d'oeuvre, statut auquel il était pourtant destiné.

Je vais donc commencer par les reproches que je pourrais faire à ce P.H.O.B.O.S. L'auteur d'Anaedipal, Frédéric Sacri, ne doit rien à personne hormis à lui-même et l'on aura raison de dire que la critique est facile et l'Art difficile – je ne le sais que trop bien ! Néanmoins, mon travail de critique est d'avertir, de mettre en lumière à mon tour les forces et faiblesses d'une oeuvre soumise à mes décortiquations. C'est un travail ingrat mais intéressant.

Tout d'abord, je reprocherais à Anaedipal une trop grande parité de production et de style malheureusement trop proches du BLUT AUS NORD. Anaedipal aurait pu être fabriqué par B.A.N. La galette aurait sûrement été plus noire encore et plus torturée, mais niveau  inspiration des riffs et rendu de la production, tout cela se ressemble beaucoup trop. Ce sont les formes des structures et la voix peu modifiée – à laquelle j'ai eu beaucoup de mal à me faire – de Frédéric Sacri  qui changent la donne, ainsi que le tempo (et encore). Mais pour le reste – y compris la boîte à rythme – j'ai peu ou prou, et ce malgré les innombrables écoutes, l'impression que P.H.O.B.O.S. fait du BLUT AUS NORD différemment. Ou est-ce l'inverse ? En tous cas, les deux sont très proches musicalement parlant et si cela est gage de qualité, cela donne l'avantage à BLUT AUS NORD de faire du très bon travail et à P.H.O.B.O.S. le désavantage d'être, peut-être inconsciemment, un suiveur de haute volée.

Le deuxième reproche que je ferais à Frédéric Sacri aka P.H.O.B.O.S., ce sera l'utilisation de sa voix qui, si l'on s'y fait à ses déclamations, gêne l'oreille et forcément l'écoute. Il y a bien un petit effet sur ce timbre mais cette voix est, d'une, trop présente en quantité, de deux trop présente en volume et de trois, Frédéric déclame sans grande conviction, comme ces types à la guitare qui gueulent dans le micro tout en regardant leurs doigts danser sur les cordes qu'ils grattent (c'est mon ressenti, mon avis). La voix ici, me semble avoir pris une proportion qu'elle n'a pas à la base – c'est donner du lard aux cochons. Je veux dire : elle n'est pas ici usitée comme un réel instrument de musique, elle est juste posée sur cet Indus Doom torturé, car il faut bien que les textes soient contés, mais elle est non seulement posée mais aussi bien trop mise en valeur... Mise en avant alors qu'elle n'est pas travaillée, pas habitée par tout ce Mal qui définissent au contraire les riffs. Même si l'on s'y fait au fil des écoutes multipliées, je ne suis toujours pas convaincu de la pertinence de son utilisation telle quelle.

La grande qualité de ce disque, outre sa production, tient elle dans la qualité des riffs. De toute façon, qu'on les aime ou pas, si P.H.O.B.O.S. ressemble pas mal à BLUT AUS NORD, vous saurez chez lecteurs qu'il y a ici une certaine qualité en dessous de laquelle on ne descendra pas. P.H.O.B.O.S. c'est pareil. L'univers de P.H.O.B.O.S. dans cet Anaedipal est prodigieux de maladivité, l'âme de Frédéric Sacri y est prise au piège et tourne en rond, dans les affres de son propre enfer. On pénètre un monde intime et démoniaque intense vraiment envoûtant. Au titre des atouts il faut rajouter la production, évidemment à la hauteur. Une production comme B.A.N les chérie... Ensuite, la densité d'Anaedipal : c'est discret et délicatement construit, mais les pistes sont épaisses, faites de multiples couches de sons divers, de sons industriels, et d'autres plus classiques. Je dois rajouter à cela le sacré jeu de basse, cette basse serpentine et pestilentielle qui donne des frissons dans le dos – j'adore. Et enfin, tout l'artwork, tout simplement sublime et à la hauteur de l'oeuvre.

Anaedipal est un très bon disque et je ne le laisserais pas prendre la poussière, car il me parle de trop. Néanmoins, si son univers est singulier, il ne remportera pas la palme de l'originalité, même si son auteur, Frédéric Sacri, y a mis toutes ses tripes... Que les lunes de Mars, Phobos et Déimos veillent sur vous chers lecteurs – procurez-vous cet Anaedipal de P.H.O.B.O.S.!

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