Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LA VOIX DES OMBRES
6 décembre 2008

FATUM ELISUM - Fatum Elisum

fatum_elisum_cover


Non, il n'y a pas qu'ATARAXIE en France. Non, à Rouen, il n'y a pas qu'ATARAXIE. Bref, je crois qu'il va falloir aux auditeurs français se bourrer le crâne qu'il existe en France une vraie « scène » composée d'acharnés du Doom-Death, du Doom de tous poils et du Death-Doom Metal. Et que par conséquent, ATARAXIE n'est pas seul sur son trône. Nan, c'est pas des légions de groupes qui attendent pour lui chiper sa place que le roi se casse la gueule de son trône après avoir bu plus que de raison, mais c'est un petit nombre de hordes de passionnés du genre qui vont se poser en ses lieutenants - prêts à en découdre afin de former un véritable front. Et parmi ces soldats au long cours, FATUM ELISUM se place parmi les possibles vainqueurs. FATUM ELISUM, qui avec son premier disque du même nom, va faire craquer des nuques, infliger le désespoir dans les coeurs meurtris et dégobiller par sa lourdeur les boyaux habitués aux affres des mauvais alcools... FATUM ELISUM, c'est du Doom-Death Metal qui bute, avec un feeling très anglais je dirais.

Ce point-là m'a filé au départ de l'hurticaire, car un groupe français qui sonne comme ces salopiauds, pardon, comme des Anglais, ben ça m'a fait chier, parce que j'attendais de FATUM ELISUM qu'il soit plus détaché que ça de ses influences. D'ailleurs, les influences ressenties sont multiples et le groupe de Rouen reconnaît même une liste foisonnante de formations cultes, de  MY DYING BRIDE et PARADISE LOST à BETHLEHEM et SILENCER. Cela s'entend, y compris dans le chant varié et maîtrisé de EndE qui passe d'un extrême caverneux à un autre plus cinglé. Donc oui, ça m'a barbé et j'ai beau avoir écouté plein de fois cet album, c'est tous ces groupes qui me viennent à l'esprit quand j'écoute FATUM ELISUM.

Néanmoins... Le lecteur et auditeur pourra se dire que c'est plutôt pas mal comme références. On tape ici dans la qualité. Et à vrai dire... Ne vaut-il pas mieux de « fidèles et loyaux serviteurs » d'un Doom-Death traditionnel que de mauvais expérimentateurs, ne vaut-il pas mieux des passionnés qui connaissent sur le bout des doigts ce genre de prédilection que des bûcherons aveugles qui vont tout massacrer ? Si FATUM ELISUM n'invente pas le Doom-Death Metal, il lui rend ici un bel hommage. Car le quatuor rouennais maîtrise son sujet. Les compositions sont bien pensées, bien construites et l'exécution, tout comme la production (très professionnelle : et oubliez pendant qu'on y est que ce disque est une démo...) et enfin l'artwork démontrent la volonté d'un FATUM ELISUM de bien faire son travail, de ne flouer personne, y compris eux-même car après tout, ils y ont mis sang, sueur, temps, tripes et sous. C'est un plaisir que d'écouter ''Fatum Elisum''.

FATUM ELISUM, même s'il ne révolutionne pas le Doom-Death, pose tout de même sa personnalité quelque peu pachydermique, car il en a une. Une spiritualité évidente émane de ''Fatum Elisum''. On le comprend dès l'introduction : EndE psalme quelques phrases (enregistrées dans une église, faut le souligner) avec en fond un fredonnement qui fera penser à celui des religieux asiatiques. L'outro fonctionne de la même façon. Ce seront ensuite les riffs et les structures qui donneront le ton général de l'opus. Ou encore par exemple, ces quelques notes de guitare sèche sur le début de la trois, avec la voix mélancolique de EndE par-dessus. Ou bien ces solii de fou vers la fin de ''Phantom'' où l'esprit de votre serviteur passe dans l'apesanteur... Ou l'extrême mélancolie de la title-track, qui plombe sérieusement le moral...

On entre de plein pied dans ce Doom-Death tout british avec ''In Vain'', lourde et puissante pièce à l'atmosphère apocalyptique, longue de presque treize minutes. On prend d'emblée également la mesure du travail accompli par les musiciens : c'est carré, c'est fluide, c'est sous-pesé et aussi très bien produit (bravo à Post Ghost Recordings). On apprécie aussi les multiples registres de voix de EndE, qui passe d'un timbre grave à un autre où il risque de se déchirer les cordes vocales -  sans toutefois atteindre la perfection de Jo de FUNERALIUM. ''In Vain'' prend le parti du Death-Doom dans la seconde partie, et tout cela me rappelle les bons vieux PARADISE LOST ou ''Last One on Earth'' d'ASPHYX, tout en touchant à la folie d'un FUNERALIUM... Les sentiments exposés sont donc riches et plein de nuances (c'est ça le Doom-Death : un camaïeu de gris) et c'est un régal que d'écouter avec attention les Rouennais y mettre toutes leurs tripes. Je ne vais pas vous dévoiler la suite, mais juste vous dire que ce Doom-Death-là mérite la peine d'être et soutenu, et écouté !

Formé en mars 2007 mais dans les esprits depuis bien plus longtemps, FATUM ELISUM - « le destin brisé » - me semble déjà bien parti. En se détachant de ses influences, je pense que les Rouennais peuvent aller loin encore et s'imposer sans rougir. Leur perfectionnisme et leur maîtrise me poussent à le croire foncièrement. FATUM ELISUM ne change pas la face du genre, mais plutôt que de me dire « encore un groupe qui copie les autres », ben non, je prend du plaisir, car c'est bon et bien fait. Vous pouvez donc vous procurer ''Fatum Elisum'' les yeux fermés, car c'est là un disque de Doom-Death de qualité ! Vivement le double-LP !

Publicité
Commentaires
LA VOIX DES OMBRES
Publicité
Newsletter
Archives
Publicité