KRAPNEK - démo 2008

Par JB

Avec un nom qui évoque le doux craquement d'une nuque, une petite réputation dans l'underground très underground punk ainsi qu'un peu de mystère, KRAPNEK jouent dans un registre qui dépote méchamment, sans même avoir la politesse de ramasser les morceaux après. J'ai nommé grindcore.

Pour tout vous dire, je ne sais rien du groupe, sinon qu'il y a une petite nana au chant (ça paie pas de mine, mais on y reviendra). On m'a gracieusement donné cette cassette demo de 2008 (sauf erreur) pour que je me fasse une idée du travail d'enregistrement, réalisé par M. Julien Louvet, que certains d'entre vous connaissent sous le nom de THE AUSTRASIAN GOAT, et le fait est que c'est bien enregistré, et qu'il y a des petits cadeaux comme ça qui permette toute une découverte.

Une pro cassette noire, avec quatre morceaux par face, une petite croix inversée faite au feutre doré, une petite cover sympathique, montrant une jeune fille en robe de chambre, pendue et couverte de sang, on a déjà un bel objet. A l'intérieur de la pochette, vous trouverez des détails en français et en anglais sur le contenu lyrique de chacun des morceaux, délicate attention. Ils se fichent pas de nous, pour une demo autoproduite. Bon, là, je qu'on s'égaille, je vais donc revenir au contenu musical.

"Un sourire..." débute avec un bon riff lent, sludgy, à la distorsion poétique et aux accents brutaux. Sans autre forme de procès nous est balancée à la gueule la petite voix ultra haineuse de notre chanteuse (vous savez, la petite qui paie pas de mine) : oui, ça fait très mal. La performance vocale se résume à l'alternance de hurlements déchirés et déchirants dans un style crust très méchant, et de bon growls de death metal, emplis de puissance. Elle y va pas avec le dos de la cuillère, la bougresse, elle enterre beaucoup de mâles avec sa voix criarde ! Je ne peux pas éviter plus longtemps la comparaison avec Emilie de MONARCH, voilà, donc ça c'est fait. La suite.

Les riffs de guitare électrique font mal. Ils sont assez variés, allant du grindcore/crust jusqu'au death metal, en passant par des passages bien thrash, et des ambiances black (un passage m'a fortement rappelé Hyadningar, c'est dire!), renforcées par les blasts et les vocaux éthérés. Bref, il y en a pour tous les goûts, le ou les gratteux ne se ménage(nt) pas! La gratte a un son bien granuleux, pas déplaisant, cru et incisif. La basse est bien là, sans distorsion, remplissant son office comme à son habitude, c'est-à-dire sans trop d'excès de zêle, ce qui est un peu dommage, mais tant que je l’entends résonner dans mon lobe occipital inférieur, ça me va.

Le tambourineur se dépense comme un petit fou sur un kit qui résonne et une caisse claire qui claque façon grindcore old school. Alors, pour l'énumération, le-dit batteur se complait dans du bon D-beat, ce qui est ESSENTIEL, quelque soit le style de metal ou punk. Il faut du D-beat, point. Prenez-en de la graine, les bézots. Bien sûr, comme tout crusty qui se respecte, on va alterner le D-beat avec des bons vieux blasts, hein? Le meilleur ami de l'homme c'est le blast beat. Comprenne qui pourri.

Seulement voilà, comme KRAPNEK ne se laisse pas enfermer dans un crustcore genre SKITSYSTEM, avec le même D-beat depuis 15 ans (qu’on adore par ailleurs), ils font varier leurs tempos dans tous les spectres. Le tout est fort agréable à mes tympans, vous l'aurez compris.

Bon, puisqu'il faut trouver des défauts, on va ressasser l'habituel : TROP COURT. De plus, même si c'est pas le genre de la maison, avoir quelques petits soli et variations, même dégueu, hein, ça pourrait être sympa. KRAPNEK vous balance donc dans la poire une purée haineuse, violente, agréable mélange composé d'un demi de grind, d'un demi de crust et d'un demi de metal dit "extrême" (trois demis... je me disais bien que ça dépassait sur les côtés) avec une bonne grosse cuillère d'originalité. A prendre.